Individus perdus dans le siècle, nous éprouvons toujours, à un moment ou un autre, le désir de partir à la recherche de nous-mêmes. Conscients d’accomplir chaque jours mille gestes et mille raisonnements conditionnés par l’histoire des hommes ou les idées du monde, nous voulons être tel le Phénix d’Apollinaire, « ce bûcher qui soi-même s’engendre », et réduire en cendres la gangue opaque de notre conditionnement afin d’atteindre le diamant noir de notre moi ultime.
Si, à l’instar de Jean-Paul Sartre, nous estimons que nous n’avons jamais été aussi libres que sous l’occupation allemande, nous pouvons rapidement nous affranchir des obstacles extérieurs à notre liberté individuelle. Il sera plus difficile de se défaire de la tyrannie douce de l’idéologie. Notre aliénation peut changer de nature et d’intensité, elle sera toujours là pour nous empêcher d’accéder à nous-mêmes. Pour la réduire, il faut l’identifier, la reconnaître, ce qui est beaucoup plus difficile à provoquer qu’une simple réaction à la brutalité de la contrainte externe. Je peux isoler la notion de péché, je peux la réfuter intellectuellement, mais mon conditionnement judéo-chrétien l’intègrera à mon comportement. L’expulser n’est pas impossible, mais volontarisme et vigilance seront de mise pour un résultat souvent décevant.
Il ne fait pas de doute que le noyau dur de mon conditionnement provient des motivations inconscientes résultant de ma propre vie. Par la psychologie, voire la psychanalyse, je peux traverser le miroir afin de débarrasser mon « moi-même » de ses chaînes intimes que j’espère ultimes. Physiquement libre, idéologiquement désaliéné, psychologiquement traité, je peux enfin être moi-même. Mais pour protéger ce moi en principe chimiquement pur, pour fuir l’enfer des autres, je vais devoir m’enfermer dans un espace stérile, une bulle de silence. Sinon, tout sera à recommencer.
Pourquoi dois-je parcourir un si long chemin, souffrir une si grande peine, si c’est pour avoir le silence comme ultime récompense ? Si l’on ne peut être soi-même qu’en refusant le regard potentiellement aliénateur de l’autre, on n’est plus qu’une bulle de savon glissant sur l’air du temps. On n’est plus rien.
C’est peut-être que la recherche de soi-même n’a pas grand sens. La vraie liberté passe par la connaissance de soi et non par la recherche d’un hypothétique soi-même.
Individu perdu au milieu du siècle, ballotté entre la société de consommation, la civilisation judéo-chrétienne et mon histoire personnelle, je suis toutes mes contradictions, toutes mes faiblesses, toutes mes influences. Je dois les assumer pour les connaître, les connaître pour les assumer. Et me servir de ces fondations fragiles et dépareillées pour construire mon destin. Ou en tout cas, essayer.
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23 commentaires:
C'est vrai.
Mais, fallait pas leur dire... vont s'arrêter de chercher maintenant.
(Inhabituel et rafraichissant. J'y reviendrai)
irene a dit...
en tout cas PATRICK reste toi-même !!! et comme dirait claudio j y reviendrai...
Tout ces mots m'évoquent la dissolution de l'ego, le regard vers le centre, la fameuse prise de conscience de toutes ces différentes couches, comme un oigon que l'on pelle... et j'ajouterais que comme dans ce dernier cas, les larmes viennent.
Comme le poème de Paul Verlaine
...
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon coeur a tant de peine!
Lire les 2 derniers méssages sur le blog de Jaky DELAHAYE
Wouhhaaaa purée !! boudiou !! ça c'est du lourd hein !! j'espère que ça va pulser un peu... là y a ouverture de débat participatif !!!!
Go go go !!
Soi tout simplement, sans le reste de son monde ce n’est rien… après bien sur que fait-on de tout cela ?
L’homme n’est à mon sens pas perdu dans CE siècle, il a toujours été perdu… l’intérêt c’est quand il en prend conscience et qu’il commence à chercher… quoi ? Ça on s’en tape, c’est le jardin secret que chacun décide de partager ou pas… l’intérêt c’est qu’il cherche… Je ne suis pas certaine que le diamant noir soit le moi ultime… ou alors il reste à définir et sera obligatoirement différent selon chacun… ce qui en fait une équation à inconnu trop variable…
Moi je dirais (sorry Irène) ne reste pas toi-même... sois ce que tu VEUX être !!
Magnifique texte... vraiment...
J'y reviens.
Sortir d'un conditionnement. Le remplacer par un autre. Avec une différence de taille, le second peut être choisi, même s'il est choisi avec une part de l'ancien.
Peu à peu, à force de re-programmer, on épure, s'approchant sinon d'une hypothétique et subjective pureté, au moins d'une certaine authenticité.
Volonté, vigilance, recherche personnelle, psychanalyse peuvent être consommées sans modération. Et tout n'est pas à recommencer mais à continuer sans cesse. C'est le chemin, le travail.
Le regard de l'autre peut-être accepté sans peser. Il peut guider sans peser, alerter sans contraindre.
La vraie liberté serait la connaissance de soi. Sans doute mais dans un soi en mouvement, changeant, cherchant...
"La vraie liberté, c'est le pouvoir de toute chose sur soi" (Montaigne, je crois). Alors au boulot.
Pas de fatalité de l'état et conscience du "rien n'est jamais acquis..."
"L'important n'est pas ce que l'on a fait de moi mais ce que je fais moi-même de ce que l'on a fait de moi" (attribué à plusieurs auteurs dont Sartre)
Tout est dit Claudio ...
"je suis toutes mes contradictions, toutes mes faiblesses, toutes mes influences."
ce doit être exactement pour ça que quand je lis ton texte, je pense à un rejet de certains préceptes bouddhistes. Très bizarre je te l'accorde (et je l'avoue, avant de me prendre une brouette de caca sur la tête de la part de quelque afficionado de cette religion...). Mais le fait de projeter son vécu forcément subjectif sur une lecture, tes mots en l'occurence, c'est aussi ça être soi je suppose...
Eh ! t'as vu un peu comment y cose le mec....
Va falloir s'accrocher pour suivre la conversation et pour moi qui suis fâché avec l'hortographe, c'est du "brutal" (comme dirait tonton !).
Je vais donc parler plus modeste, et souvent je me dis à la fin de la journée "c'était pas mal aujourd'hui ", enfait j'éssaie de profiter des joies simples de la vie, être avec ceux que j'aime, profiter du temps présent, de ce que j'appelle les moments de bien être sans trop se poser de questions.
Après, bien sûr on essaie de mieux se connaître pour tout simplement être soit même, le "pouvoir de toute chose sur soi même" c'est déjà pas mal mais j'aime bien personnellement les paroles d'Aragon " que sais-tu des plus simples choses, de quoi la nuit rêvent les roses..;"
Bon, bref!
Désolé de ne pouvoir être avec vous dimanche parceque là, çà aurait été des moments privilégiés de franches rigolades et de bien être.
Allez la france! on va souffrir ce soir.....
Paul VAUTEL
Eh ! t'as vu un peu comment y cose le mec....
Va falloir s'accrocher pour suivre la conversation et pour moi qui suis fâché avec l'hortographe, c'est du "brutal" (comme dirait tonton !).
Je vais donc parler plus modeste, et souvent je me dis à la fin de la journée "c'était pas mal aujourd'hui ", enfait j'éssaie de profiter des joies simples de la vie, être avec ceux que j'aime, profiter du temps présent, de ce que j'appelle les moments de bien être sans trop se poser de questions.
Après, bien sûr on essaie de mieux se connaître pour tout simplement être soit même, le "pouvoir de toute chose sur soi même" c'est déjà pas mal mais j'aime bien personnellement les paroles d'Aragon " que sais-tu des plus simples choses, de quoi la nuit rêvent les roses..;"
Bon, bref!
Désolé de ne pouvoir être avec vous dimanche parceque là, çà aurait été des moments privilégiés de franches rigolades et de bien être.
Allez la france! on va souffrir ce soir.....
Paul VAUTEL
Deux petits cadeaux pour Paul :
http://claudiogene.canalblog.com/archives/2007/01/23/index.html
http://feuillederoute.unblog.fr/2008/06/17/exclu-comment-les-bleus-se-sont-retrouves-en-14-de-finale-de-leuro-2008/
irene a dit...
A SORRY.... sois ce que tu veux être !!!
mais sais tu vraiment ce que tu veux... ou veux pas être ???
" Etre soi même " c 'est d abord savoir qui l on est vraiment...
être bien dans sa peau et dans sa tête,c'est l'essentiel.
Soyons nous même,c'est à dire bien!!!!!
Sami
Difficile d'Etre soi-même...
Le long chemin de la quête de soi.
Quête ultime de l'homme.
De la majorité des hommes.
Chemin qui commence dès l'enfance, car on est de son enfance comme on est d'une ville ou d'un pays.
Même s'il en est qui se contentent
de se laisser porter par le vent matériel qui leur donne un cap qui ne sera jamais le bon et qui les entraînent vers l'enfer du toujours plus qui ne rendra jamais heureux sauf à penser qu'il en faudra encore et toujours plus.
Nous cherchons tous un sens à notre vie dans cette quête de soi.
Qui à travers ses proches, son travail, un sacerdoce, un sacrifice, la religion...
C'est grâce à tout ceci que nous ne deviendrons que ce que la vie, le hasard des rencontres et des fréquentations ferons de nous.
C'est peut être à ce moment là que nous aurons trouvé.
Je n'en suis pas sûr, et ça serait d'ailleurs dommage.
A contrario, certains, tout au long de leur existence, ne savent même pas qu'il y a quelque chose à chercher.
Ils sont peut être heureux mais n'auront jamais de réponses, contrairement à ceux qui se posent la question.
Pour ceux qui cherchent, cette quête ultime est et restera un chemin à suivre qui sera riche, même et surtout si le but n'est pas atteint.
ANTONIN
Irène (mdrr) il n'était pas question de moi dans l'histoire, mais pour répondre à ta question, oui je sais qui et ce que je veux être, mais plus encore qui et ce que je ne veux pas être... oui c'est difficile d'être soi, mais pas impossible... en tous cas on peut tenter... puis approcher au plus près... le reste...
Je suis entièrement d'accord avec Iréne même si...
j'ai également pensé que c'était vous (so-so-riz dit PM) ! :)
J'ai lu et relu ton texte plusieurs fois et me sentant incapable d'écrire le moindre mot sur ces sujets je fais donc appel à MONTAIGNE pour te donner mon sentiment et te répondre.
- " Le beaucoup savoir apporte l'occasion de plus douter.
"
- " Notre esprit est un outil vagabond, dangereux et téméraire."
- " Chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition."
- " Fais ton fait et te connais. "
- " Nous ne pouvons être tenus au-delà de nos forces et de nos moyens."
- " Ne pouvant régler les événements, je me règle moi-même."
- " Il n'est rien si beau et légitime que de faire bien l'homme et dûment, ni science si ardue que de bien et naturellement savoir vivre cette vie."
- " Si j'avais à revivre, je revivrais comme j'ai vécu; ni je ne plains le passé, ni je ne crains l'avenir."
- " La plus constante marque de la sagesse, c'est une constante réjouissance."
Et pour terminer:
- " C'est une absolue perfection, et comme divine, de savoir loyalement jouir de son être."
Henri COTTALORDA
j'ai beau tenter faire un travail sur moi-même pour tenter d'être moi-même mais le pénitent blanc de Nice-est (Patrick Allemand) arrive toujours à faire en sorte que je sorte de mes gongs...voir Nice-matin de ce jour...ce type n'a de cesse d'humilier son parti...il ne se présentera pas aux sénatoriales, il cède sa place à un autre cumulard qui est déjà Maire + conseiller régional + président d'une communanté d'agglomération...vive les niches fiscales...
Etre soi même : exprimer ses pensées avec respect ne pas changer de couleur selon les circonstances.
NR
comment peut-on être soi-même? c'est si facile d'être quelqu'un d'autre.
certes anonyme,
qui peut dire qu'il soit encore lui-même face à la vie ? Pas beaucoup d'entre nous je pense....
Il est très difficile de rester soi-même... nous jouons tous un rôle dans notre propre vie.
Etre soi, c'est accepter ce que l'on est, l'accepter et le vivre. Sans jamais douter, sans se mentir...
En voulant jouer un rôle en s'attribuant des qualités requise pour plaire à celui qui les aime.
C'est bien dommage non ?
Aimer plaire c'est référer autre a soi même.
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