05 août 2008

On the road again


Dans une récente interview, Jacques Attali affirmait que la nature des vacances allait changer en ce début de XXIe siècle. On s’éloignerait du modèle des vacances socialisées (type clubs) pour aller vers des vacances de rupture. Il ne serait plus question de reproduire, même sous forme ludique, le type de rapport aux autres que nous entretenons le reste de l’année, mais bel et bien de faire un break, une coupure, pendant une période qui ne serait plus seulement une plage de repos mais une ouverture vers « autre chose », une prise de recul, une incitation à méditer sur soi-même et la vie qu’on mène.

Sans l’avoir formellement théorisé, il y a déjà bien longtemps qu’avec Dominique nous avons adopté ce type de vacances rupture. Le schéma est toujours à peu près le même : une voiture individuelle (instrument d’émancipation et de liberté inégalable, il faut bien le dire), un point de départ, un point d’arrivée, et plusieurs milliers de kilomètres de route avec des villes, des frontières, des déserts, des rivières, des « Bagdad café », et plein de visages inconnus souvent bienveillants. Un torrent de sensations, de couleurs, d’odeurs, et d’humanité qui se conjuguent avec des échappées nostalgiques vers le passé et des projections fulgurantes vers la beauté. Bref, de quoi vous dire le soir, à l’étape : je suis le voyageur qui passe et, de retour dans ma vie, elle ne sera pas tout à fait la même car je ne serai plus tout à fait le même. Pour faire bon poids, il suffit d’ajouter, on the road again, un peu de musique et quelques bons livres d’auteurs autochtones (le deal familial étant le suivant : je conduis et ma coéquipière, remarquable conteuse, lit à voix haute).

Hiérarchiser toutes ces expéditions est impossible, mais il faut bien admettre que les traversées de continent ont un statut à part. Aller d’un océan à l’autre devient presque un parcours initiatique. Ainsi, en 2004, Philadelphie – San Francisco, par Santa Fé et le Nouveau Mexique ; en 1998, Vancouver (sans souvenirs amers…) – Montréal, par le Dakota du Sud et le Mont Rushmore ; et en 2000, Adélaïde – Darwin, l’Australie du sud au nord, à travers le désert rouge des Aborigènes, en camping car.

Plus régionaux, les deux voyages dans le sud de l’Afrique : Johannesburg – Le Cap, par le Swaziland et le Lesotho (1984), et Le Cap – Pretoria, par la Namibie et le Botswana (1996), furent aussi mémorables dans le contexte de l’après apartheid. Même si mon entêtement à ne pas louer de 4x4, y compris en Afrique, m’a amené à casser, à chacun de ces voyages, une « deux roues motrices » de location sur le fech-fech (une VW et une Toyota… paix à leur âme !)

Il y eut également notre unique voyage en Amérique latine (1999) : Brasilia – Rio de Janeiro – Sao Paulo, par le Minas Gerais, voyage kilométriquement modeste (2500 Kms) mais fort en couleurs, en musique, en émotions.

Enfin, il y a eu les innombrables traversées de l’Europe, celle que j’appelle notre patrie. Des voyages au départ de Nice qui étaient forcément des allers-retours (évidemment, pas par le même chemin). Ils sont si nombreux qu’ils s’enchevêtrent dans nos mémoires. Mais je me souviens quand même, comme si c’était hier, de ceux de 1979 et 1982, à l’époque de la glorieuse Union soviétique. Nice – Moscou – Odessa et retour, et Nice – Cap Nord – Leningrad et retour. Le premier, parce qu’il fut agrémenté d’un petit séjour dans les geôles bulgares, le deuxième, parce qu’il fut – entre autres – notre record absolu : 12 380 Kms en six semaines et demie, avec une Opel Kadett bien fatiguée. Quant à notre dernier périple européen, il nous a conduit, en 2006, de Nice à Yalta en Crimée, avec un retour mouvementé pour cause de frontière moldave fermée.

Après une année sabbatique, nous repartons ce jeudi. Ville de départ : Chicago. Pour la suite… désolé, c’est encore un secret !

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Trop c'est trop Patrick !
Un français sur deux ne part pas en vacances, et je n'imagine pas le pourcentage de français qui partent pour des voyages de 6 semaines et demi!
Une nouvelle fois, je sais pourquoi je suis social et pas socialiste !

Bon, je ne suis presque pas en colère.

Pensez au moins, quand vous passerez de Chicago à Pékin à ceux qui passent leurs vacances à Nice, à organiser des séances de dédicaces...
http://patrickallemand.canalblog.com/archives/2008/08/04/10130787.html

FB

Unknown a dit…

Mais qu'est-ce que c'est que ces conneries Fabien ? En plus tu as tout faux : par exemple, le coup des six semaines et demie, les conditions de voyage étaient plus que précaires (une fois sur deux nous dormions dans la voiture, le reste du temps sous la tente).

Cela dit, je constate avec intérêt que le Modem compte désormais un adepte du communisme primitif doublé d'un supporter de Ségolène Royal :)))

Tu vois, moi non plus je ne suis même pas en colère !

Anonyme a dit…

Bravo pour tous ces voyages mais vous avez encore du pain sur la planche du coté de l'Asie et de la partie nord de l'Afrique

Claudio a dit…

Trop c'est trop Fabien !
C'est quoi ce refrain, y compris sur ton blog, pleurnichard et primaire ?
Vivement des élections (même internes) qu'on te retrouve plus modéré.
De l'air, de l'air ! Des vacances ! Rendez-moi le Fabien du MODE ZEN.

Anonyme a dit…

Mais oui enfin Patrick tu exagères, pourquoi ne te cantonnes-tu pas à un blog bien chiant, exclusivement politicien (j'ai pas dit politique, vous noterez la nuance...), au lieu de nous parler du monde, que, accessoirement, tu as la chance de pouvoir parcourir une fois de temps en temps?
Ce qui serait bien d'ailleurs c'est que certains responsables politiques nationaux qui en ont les moyens le fassent aussi, ça leur éviterait de sortir des stéréotypes imbéciles sur différentes cultures et pays.

Et en plus tu obliges Doms à lire en voiture??? T'es dur vraiment.

Bon moi j'attend les étapes (en étant jalouse, cela va de soi).

Anonyme a dit…

Vous avez raison il y a une poésie de la route,des grandes lignes droites,de l'asphalte et des bagdags cafés...le jour et la nuit aussi!!!

Anonyme a dit…

La route 66 ?

Bonne route.

MC

Unknown a dit…

EN PRINCIPE NOUS UTILISERONS LA ROUTE 66 DE CHICAGO À SAINT LOUIS ET PEUT ÊTRE PLUS TARD DANS LE SUD...

Anonyme a dit…

Sacré Patrick et Dominique.
Avant même d'avoir bouclé mes valises, ils m'ont déjà fait partir en voyage, loin, très loin devant mon modeste écran d'ordinateur.

Le presque tour du monde en cliquant sur "Blog Patrick Mottard".
Quelle meilleure agence de voyages imaginaires?

Par ailleurs Jacques Attali a parfaitement raison lorsqu'il affirme que la nature des vacances va changer en ce début de XXIe. siècle.

Le problème est qu'il est complètement à coté de la plaque sur la nature de ce changement.

Avec une diminution de la consommation de carburant de près de 10% depuis le début de l'année et la baisse de l'utilisation d'environ 4% des autoroutes pour le moi de juillet, c'est plus une incitation à méditer sur l'état de son porte monnaie associé au coup de la vie plutôt que sur soi-même.

Alors oui, Fabien n'a pas tout à fait tort de parler de tout ces Français qui ne peuvent pas partir.
Mais Patrick et dominique n'y sont pas pour grand-chose.

ANTONIN