Profitant de la tribune du Conseil municipal, j'exprime avec force mon soutien aux journaux qui, ayant publié des caricatures de Mahomet, sont victimes d'une mise à l'index frisant la fatwa.
Mon soutien ancien et reconnu aux musulmans de la ville notamment dans leur volonté d'avoir des lieux de culte décents donnera certainement plus de force à cette prise de position relayée par la presse locale. La liberté d'expression ne doit pas céder aux coups de boutoir du politiquement correct ou, pire, du communautarisme. Il y a quelques années, j'ai défendu avec la même intransigeance le film de Martin Scorcèse sur la vie du Christ ou la couverture de Charlie hebdo sur le « Bal tragique à Colombey… ». Une seule limite : le racisme, la xénophobie et la haine de l'autre.
Cela dit, je suis perplexe devant le silence assourdissant de la classe politique locale sur cette affaire. Les matamores de la droite sont bien silencieux. Quant au silence de la gauche, il me semble traduire un manque de courage navrant.
04 février 2006
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4 commentaires:
"Une seule limite : le racisme, la xénophobie et la haine de l'autre."
Et c'est précisément ce qu'on invoqué les "adversaires" de ces caricatures, on a même vu Dalil Boubakeur qui est allé jusqu'à parler d'une opération préparée en sous main par l'extrême droite. Depuis le début, ces dessins sont présentés comme étant justement des incitations au racisme, à la haine envers les musulmans....
Le problème, c'est que ce ne sont pas des dessins racistes: il peuvent choquer certains, (le coup de la "bombe-turban" par exemple, cela dit, Plantu avait déjà publié un dessin comparable) mais un dessin raciste a toujours comme message "ces gens sont haïssables, ils doivent être anéantis (ou soumis, ou bannis)". Cette collection de dessins, parfois drôles (plus de vierges en stock), parfois bien trouvés (le portrait avec l'étoile et le croissant), souvent fades et même quelques fois carrément limite ne sont pas un acte de propagande anti-musulmane, ils ne sont même pas aussi douteux que les déclarations d'un Houellebecq, par exemple.
Si les dessins racistes ont du mal à passer dans la presse papier, en particulier en Europe, ils circulent librement sur le net. J'ai vu des dessins racistes, des dessins appelant à la haine voir au meurtre envers les musulmans, des dessins qui donnent froid dans le dos, qui donnent envie de vomir (ou de casser la figure à l'imbécile heureux et arrogant qui les a dessinés)... Franchement, je n'ai pas envie de replonger ce soir dans la galaxie du net extrémiste, et encore moins envie de mettre des liens vers des dessins de tarés qui rêvent tout haut de génocide, mais il y a une chose de certaine: ces dessins ne ressemblent pas aux douze dessins incriminés. Ils ressemble aux dessins de propagande antisémite des années brunes: le Juif souriant aux mains tachées de sang est remplacé par le Mahomet souriant et égorgeur: rien, mais alors absolument RIEN à voir avec les dessins danois.
Mais alors pourquoi un tel emballement? s'agirait-il de la molécule d'eau qui a fait déborder un vase déjà bien plein ou plutôt d'une tentative de manipulation de la part de politiciens véreux déguisés en hommes de foi?
J'ai bien envie de dire que c'est l'un et l'autre.
Je ne doute pas qu'il y ai là une grosse part de manipulation: des régimes corrompus et des partis islamistes (après tout, les partis islamistes ne sont que de l'extrême droite qui se cache derrière le Coran, tout comme les nationalistes ne sont guère que des hypocrites se cachant derrière le drapeau de la mère patrie) qui ont à peine soulevé une paupière quand les pamphlets d'Orianna Fallacci sont sortis, se sont tout à coup découvert un amour immodéré pour la défense de l'honneur des musulmans et refusent qu'on montre des images du prophète alors qu'ils organisent eux-mêmes des cultes de la personnalité avec photos, portraits et hagiographies: l'hypocrisie y est trop criante pour être ignorée.
Et il y a peut-être aussi quelque chose d'extérieur aux organisations qui cherchent à détourner l'islam pour en faire un outil au service de pouvoirs bien séculiers: depuis plusieurs années, le racisme anti-arabe et anti-musulmans cherche à se donner un air "raisonnable", voir "intellectuel" en prétendant, non pas s'attaquer aux musulmans en tant qu'individus, mais simplement critiquer, ou "débattre" du dogme, des rites, de l'influence du religion sur la société. Bien sûr, il est inutile d'être de niveau bac+8 pour savoir faire la différence entre un vrai débat religieux et une attaque raciste couverte par un verni de rhétorique pseudo-intellectuelle, mais le fait que cette méthode classique (tous les racistes y ont recours à un moment ou à un autre) fini par générer bien des soupçons: on ne considère plus qu'un sarcasme, qu'une caricature, qu'un texte ironique, qu'une critique, sont le fait de gens cherchant à discuter sans penser à mal, mais au contraire que la caricature, le sarcasme, l'ironie et la critique ne sont que des voiles masquant une hostilité haineuse. C'est de là que naît le principe du "je te hais parce que je sais que tu me hais, même si je ne te connais pas", principe excessivement dangereux, surtout que dans l'affaire actuelle, les extrémistes cherchent à récupérer la méfiance des musulmans à leur propre compte.
L'ironie de la chose, c'est que ceux qui ont voulu "punir" le Danemark pour ces dessins ont donné à ceux-ci une notoriété bien plus grande que s'ils étaient resté en première page d'un journal conservateur d'un petit pays. Et s'il est possible de retirer un journal de la vente, je me demande comment les censeurs pourront bloquer tous les sites (y compris les sites de type imageshack) qui en parlent ou qui reproduisent les photos, sans compter les blogs. On aura rarement vu une opération aussi contre-productive, du moins pour l'instant: il ne faudrait pas que cette affaire devienne l'Outreau international du dessin de presse, où des caricaturistes innocents seraient cloués au pilori parce que soupçonnés à la base d'être racistes, malgré le manque de preuve.
Quant aux matamores, je crois qu'ils hésitent pas mal entre deux cibles possible: les "méchants musulmans poseurs de bombes" ou la liberté d'expression. Il existe un certain nombre (voir un nombre certain) de politiques éprouvant pour celle-ci un amour assez élastique. Par exemple, par la voix de son chef, le Front National a officiellement démontré qu'il haïssait la liberté d'expression plus que les musulmans: si il parle de protéger le "dieu incarné" des chrétiens, c'est qu'il se dit qu'après avoir censuré Mahomet, puis Jésus Christ, on finira par censurer les caricatures de jean-marie et ses sbires, histoire de mettre au pas tous ceux qui tournent en ridicule sa démence.
Et il est possible (voir probable) que les matamores locaux soient dans une situation comparable: s'ils n'aiment pas les caricaturistes ni ceux capables de leur tailler un costard, ils risque de se montrer peu enclins à prendre leur défense de manière trop zélée.
Je suis de confession musulmane, et je vais vous expliquer comment moi, et beaucoup d'autres ont compris ces dessins. Tout d'abord, depuis les attentats du 11 septembre, la presse n'a cessé de faire une claire distinction entre Islamistes et Musulmans, ce qui prouve bien que le message n'est pas raciste. Mais, avec ces dessins, tout a été effacé, nous nous retrouvons assimilés à des terroristes islamistes alors que nous avons une idée totalement opposée de la religion musulmane. Tout cela au nom de la liberté d'expression... Je pense que certaines limites ne doivent pas être franchies et surtout dans un contexte aussi tendu qu'aujourd'hui, il faut arrêter les provocations inutiles.
Je tiens quand même à préciser que je ne soutiens pas les réactions violentes qui ont eues lieu dans certains pays arabes, et que je les trouve tout aussi scandaleuses.
Au-delà de la question de principe – la possibilité de caricaturer les religions et leurs représentants – je suis entièrement d’accord avec vous. Développer l’amalgame musulman-islamiste est complètement injuste et particulièrement inopportun dans le contexte actuel. Mais il est remarquable de noter que les manifestations ne se sont pas faites sur cet aspect mais sur le thème du sacrilège...
n'y a-t-il pas aussi un problème médical derrière ce pb politico-bondieuserie ?
comment une caricature d'un des innombrables dieux crée par l'Homme peut il inciter à tant de colère, de haine ?
que l'homme, formaté par ses "parents", son milieu cultu(r)el,soit à ce point réceptif n'est il pas maladivement excessif?
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