17 avril 2006

C'est du brutal !

Une des collections bimensuelles de DVD qui désormais envahissent les points de presse (de moins en moins nombreux, hélas !) a le bon goût de se consacrer à Audiard (Michel bien sûr, le fiston, nous avons déjà eu l’occasion d’en parler dans un précédent commentaire, De battre mon coeur s'est arrêté ).

Les deux premières livraisons sont consacrées à des films qui sont loin d’être des chefs-d’œuvre : une aimable pochade policière à la limite de la parodie de Gilles Grangier, "Le cave se rebiffe" et un film noir un peu poussif, "Mélodie en sous-sol" d’Henri Verneuil. On peut toutefois revoir ce dernier ne serait-ce que pour deux scènes d’anthologie : la première et la dernière. La dernière, avec les méduses de billets de banque qui remontent lentement à la surface de la piscine du Palm Beach, est devenue culte. La première est moins connue : on y voit Charles (Jean Gabin) à la recherche de son petit pavillon de banlieue, à travers le labyrinthe de la cité du nouveau Sarcelles, qui a poussé tel un champignon pendant ses cinq années de placard. C’est un peu la France franchouillarde de Gabin, confrontée au gaullisme immobilier… Assurément un grand moment !

Cela dit, les véritables stars de ces films, ce sont bien sûr les dialogues de Michel Audiard. Je ne résiste pas au plaisir de vous donner mes deux tiercés gagnants.

Pour "Le cave..." :

– Pour une fois que je tiens un artiste de la Renaissance, j'ai pas envie de le paumer pour une bévue ancillaire.
– Une quoi ?
– Une connerie de ta bonniche.

– J’t’enverrai un gonze dans la semaine. Un beau brun avec des bacchantes. Grand, l’air con.
– Ça court les rues les grands cons.
– C’ui-là, c’est un gabarit. Un exceptionnel. Si la connerie se mesurait, il servirait de mètre étalon ! Il serait à Sèvres.

– Depuis Adam se laissant enlever une côte, jusqu’à Napoléon attendant Grouchy, toutes les grandes affaires qui ont raté étaient basées sur la confiance… Faire confiance aux honnêtes gens, est le seul vrai risque des professions aventureuses.


Pour "Mélodie..." (à noter que pour ce film, le scénario est d’Albert Simonin, d’après son roman, Michel Audiard n’est l’auteur que d’une vingtaine de répliques, mais mâtin quelles répliques !) :

– Le boulot, c’est un truc qu’y vaut mieux commencer jeune. Quand tu démarres tout môme, c’est comme si t’étais né infirme : tu prends le pli, t’y penses plus. Remarque que t’as peut-être raison d’essayer. De toute façon, dans la vie, faut tout connaître!

– Ton père et moi, tu nous feras mourir de chagrin.
– Tant mieux comme ça on ne retrouvera pas l’arme du crime.

– Dans les situations critiques, quand on parle avec un calibre bien en pogne, personne ne conteste plus. Y’a des statistiques là-dessus.

J’attends vos commentaires, mais je préviens, celui qui n’est pas d’accord, «j’m’en vais lui faire une ordonnance, et une sévère».

7 commentaires:

Anonyme a dit…

D'accord sur Mélodie en sous-sol, film surfait (en effet, si on ôte les dialogues d'Audiard, il reste les numéros d'acteur de Gabin et delon (ce qui n'est déjà pas si mal)Et puis, c'est du Verneuil, c'est à dire du cinéma de fabrique, avec des recettes, mais pas de génie.
Parmi les classiques audiardiens, j''avoue que j'ai un faible pour "Le cave se rebiffe" .
Outre Gabin, égal à mui même ("une épée quoi), ce qui là aussi n'est déjà pas rien), les autres rôles sont de petites merveilles. Outre Biraud (grand acteur ! cf le regard quand Gabin lui propose le billet de banque comme modèle), Rosay et son oeil tort dans la scène du pavillon avec Franck Villard (sublime dans son rôle de "grand con" précisément vendeur de bagnoles, Blier et G. Lecler en toliers et enfin Martine Carole en petite bourgeoise pétasse, c'est en effet du brutal. J'irais presque à dire et là je prends des risques - étant (parfois) con, j'ose (parfois) tout - que je préfère presque ce film à "Ne nous fachons pas", mais ça se discute (dans Delarue !).
Bien entendu, "Les Tontons" restent le summum, la synthèse, l'étalon mais là, j'enfonce une porte ouverte.
Un film de Lautner , scénario d'Audiard,un peu méprisé, c'est "Fleur d'oseille", avec Mireille Darc et Biraud en flic ("je dératise"). Henri Garcin y est excellent (bien loin des bouffoneries de Maguy), on a un André Pousse impérial et un Paul Preboist complètement hallucinant en "peintre maudit" provençal obsédé sexuel. Un ex : Après s'être fait canarder, Pousse dit à un des ses lieutenants "Là, ça change tout" . L'autre lui demande, "Pourquoi ça change tout ?" et Pousse répond quelque chose comme "on arrivait prêts à s'entendre et là, on repart fachés."

S'il y avait un "génie français", outre les "classiques classiques (cf Lagarde et Michard, et pour le cinéma carné, Janson, Prévert, Jouvet, Jules Berry, Saturnin Fabre, Cartee, etc etc...etc...), il était aussi dans ces films et ces dialogues (j'ajouterais à la liste les "Monocles" aussi de Lautner (il y a dans "Le monocle rit jaune" une scène d'anthologie avec Paul Meurisse, Robert Dalban et Marcel Dalio chantant "J'irai revoir ma Normandie" devant un parterre de Chinois effarés.
Quant aux "comiques" d'aujourd'hui, je me marre....
Mais sans doute ne suis-je pas en phase avec l'époque.
Je vieillis, je vieillis.....

Commandant Dromard (celui qui nage comme un Jambon de Bayonne)

Unknown a dit…

Mon cher Dromard, n'oubliez pas non plus Michalon, le Belphégor des hippodromes...!

Anonyme a dit…

Scénario et/ou dialogues signés Audiard + Gabin, difficile de faire mieux !!!

Bien que le même Gabin avec Simonin, ça a donné "Touchez pas au Grisbi" avec Lino Ventura, Jeanne Moreau, Frankeur ...

Ces truands de ma jeunesse du "brutal" ??? pas sur qu'ils le soit autant que les puissants qui gouvernent le monde aujourdhui.

AMTS

Anonyme a dit…

Pour éviter de me faire faire "une ordonnance, et une severe" je serait tenté de dire " t'a d'beaux yeux tu sait?", mais te dire ça serait un peu tendencieux.

ANTONIN

Anonyme a dit…

Ouais, Michalon, c'est un véritable malfaisant, le genre de mec à vous balancer un bourre pif (au mercenaire du web par ex.) en pleine trêve

Anonyme a dit…

A quand la relève d'aussi grands acteurs, Benoit Magimel peut être lorsque la patine aura fait son effet.
Pour le reste je trouve le cimema bien triste face à des films comme la trilogie de M.P que je ne me lasse pas de regarder lors des parutions.
Ah nostalgie-nostalgie vivement un nouveau Remu qui par ces seules répliques nous prennais au ventre et parfois aux larmes.

bien amicalement à vous

Serge

Anonyme a dit…

Hé oui,malheureusement ils ont dû arrêter la fabrication,y'a des clients qui devenaient aveugle