07 mai 2006

C’est du brutal : le retour !

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Les dernières livraisons de la collection « Audiard » sont consacrées à deux films de qualité, deux face-à-face devenus légendaires (encore que pour l’un d’entre eux, il vaudrait mieux parler de côte à côte…).
Gabin/Belmondo dans "Un singe en hiver" et Serrault/Ventura dans "Garde à vue".


Réalisé par Henri Verneuil d’après le roman d’Antoine Blondin, "Un singe en hiver" est la rencontre improbable de deux alcooliques flamboyants qui préfèrent l’ivresse à la boisson. Les dialogues d’Audiard s’accordent bien avec l’univers si particulier de Blondin. Par contre, l’adaptation de Verneuil, trop littérale, rend à l’écran l’histoire quelque peu artificielle. Mais malgré ce côté un peu trop "qualité française", l’émotion est au rendez-vous et le côte à côte reste fascinant.

"Garde à vue", de Claude Miller, est un quasi huis clos entre le policier Ventura et le suspect Serrault. Ce dernier interprète magistralement le notaire Martineau, un personnage à la fois antipathique, ambigu et terriblement fragile. "Garde à vue" est aussi une réflexion sur les préjugés et la justice de classe. Mais attention, ici, nous sommes à front renversé, pas vraiment du côté d’Outreau mais plutôt de celui de Bruay en Artois. Malgré une fin mélodramatique plutôt ratée, le film reste un remarquable numéro d’acteurs et une réflexion assez fine sur la justice. Cette justice dont un personnage d’Audiard dit, dans le film de Robert Enrico, "Pile ou face" : « la justice, c’est comme la Sainte Vierge, si on ne la voit pas de temps en temps, le doute s’installe ».

Notre sélection du jour :

Pour Un singe en hiver, trois extraits :

« Vous avez le vin petit et la cuite mesquine. Au fond, vous ne méritez pas de boire. C’est de l’usurpation. »

« - Ma bonne Suzanne, tu es une épouse modèle.
- Oh !
- Si, si, tu n’as que des qualités. Physiquement, tu as vieilli comme je pouvais le souhaiter, l’odeur de la lavande règne sur nos soirées, c’est le bonheur rangé dans une armoire. Tiens ! Si c’était à refaire, je crois que je t’épouserais de nouveau… Mais tu m’emmerdes !
- Albert !
- Tu m’emmerdes gentiment, affectueusement, avec amour. Mais tu m’emmerdes !
»

« Une paella sans coquillage, c’est un gigot sans ail, un escroc sans rosette».

Pour Garde à vue, deux extraits (seulement deux mais des sévères !) :

« Les médiocres se résignent à la réussite des êtres d’exception. Ils applaudissent les surdoués et les champions. Mais la réussite d’un des leurs, ça les exaspère ».

« - Comment s’appelle votre chien ?
- Tango !
- Ça s’écrit comment Tango, comme le tango ?
- Comment voulez-vous que ça s’écrive ? Comme paso doble ?
»

Aujourd’hui encore, j’attends vos commentaires. Mais je préviens celui qui ne serait pas d’accord, « j’ai la puissance de feu d’un croiseur et des flingues de concours »!

12 commentaires:

Anonyme a dit…

je te rejoins sur ces appréciations; et notamment sur garde à vue avec le magistral numero d'acteur de ventura (ça on le savait déja) mais surtout de serrault qui explose pour la première fois avec cette dimension et que l'on retrouvera après dans plein de films et notamment la lectrice.

Anonyme a dit…

en somme, le fan d'audiard face à l'homme de rio;

Anonyme a dit…

Encore un commentaire qui ne sert à rien!

Unknown a dit…

Mais il est assez drôle...

Anonyme a dit…

Dans un singe en hiver, je trouve inusable cette réplique, devenue un classique :
«Si la connerie n'est pas remboursée par les assurances sociales, vous finirez sur la paille.»
Il est vrai qu'Audiard n'a jamais brillé par son indulgence vis-à-vis de l'espèce humaine...!

Anonyme a dit…

Finalement cher patrick, vous brillez beaucoup plus par vos sujets que par vos commentaires... où est la part de spontanéité?

Unknown a dit…

Par rapport à la spontanéité...
J’appartiens à une famille de pensée qui n’intervient que si elle a vraiment quelque chose à dire. J’apprécie les commentaires tels qu’ils sont, ne réagissant que si une incompréhension semble s’être glissée entre moi et le commentateur. Si on me pose une question, j’y réponds. Si on me « titille » aussi… La preuve !

Anonyme a dit…

Il me semble que l'ami Gaignier fait une petite confusion quand il nous parle de "La lectrice". Si mes souvenirs sont bons, Serrault ne joue pas dans le film de Michel Deville. Ne ferait-il pas une confusion avec le film de Sautet "Nelly et Monsieur Arnaud" où il est effectivement magistral face à Emmanuelle Béart ?

Anonyme a dit…

Tout à fait Dominique, Bernard doit confondre avec Patrick Chesnais, que j'adore.

Anonyme a dit…

Garde à vue, pour moi le meilleur film de Michel Serrault où celui-ci montre sa capacité à jouer un personnage dramatique, énigmatique, secret, facilité par les répliques d'un monstre du cinema que fût Lino Ventura, cet homme qui paraissait dur mais qui n'hésitait pas à s'engager pour des associations à la défense des enfants ayant un handicap, c'est quand même mieux que les plaintes de Delon sur son sort et qui vit en bulle sans aider son prochain.
Comme j'aurais aimé pouvoir mobiliser les foules afin d'aider les plus malheureux comme le fit Ventura.
Bien à toi Patrick

Serge

A chaque passage je suis et je resterai un fan

Anonyme a dit…

je suis l'image meme de la confusion; c'est bien de Nelly et Monsieur Arnaud dont je voulais parler; merci dominique de m'avoir remis sur le droit chemin

Anonyme a dit…

"Un singe en hiver " (1er assistant : Claude Pinoteau, 2nd assistant : Costa-Gavras) ça compensait ce faiseur de Verneui, l mérite d'être revu, surtout pour les seconds rôles (Noël Roquevert,qui s'ppelle "Landru" dans le film, en boutiquer droguiste anarchiste "mettant le feu" à la station balnéaire endormie dans un feu d'artifices de sa composition, Suzanne Flon en femme vaincue par le renocement de son mari, Paul Frankeur en gargotier vigilent, c'est du vieux calva (le film se passe d'ailleurs en Normandie) http://www.thelin.net/laurent/cinema/films/un_singe_en_hiver.htm
Je vais être iconoclaste et me faire insulter, mais "Garde à vue" est à mon avis un film surfait (surtout si on enlève les aphorisme audiardiens) et le jeu de Serrault laisse deviner le cabotin qu'il allait devenir, (sauf dans quelques films), mais il fait beaucoup d'alimentaire...
Ceci dit, ARTE ferait mieux de passer ce genre de film plutot que des films du niveau de "Le baron de l'écluse", vu et revu...même s'il y a là aussi quelques formules aux petits oignons ou "Trop belle pour toi" avec Depardieux et Balasko dans leurs rôles habituels (le beau mec qu'à des problèmes de libido et la nénette pas canon qui se dégotte un séducteur).Cela aussi va en faire hurler certains.
Cela contribuerait à la culture cinématographique des jeunes génération "harrypotérisées".
Je me lacherai un jour sur ARTE.
En cinéma comme ailleurs, l'athéisme (c'est à dire la distance par rapport au transfert freudien est une entreprise de longue haleine (c'est de Sartre qui n'a pas dit que ces conneries (il en a dit et fait) comme une certaine gauche se complait à le proclamer dans ses dîners en ville (et en Hugo Boss)...
Un mot enfin sur la "sponténéité". Le commentaire de l'anonyme :ça pue tellement le mercenaire (tout l'inverse du Chevalier d'ASSAS -suivez mon regard-) du web que c'est caricatural.

Autrechose à propos de Cannes qui cette année semble naviguer entre le caviar et le couscous. (ça va encore s'indigner chez le club des nouveaux PC-PG (politquement corrects- prétendument à gauche). Cela n'enlève rien à l'épopée tragique des "indigènes", mais mon grand-père - comme beaucoup d'autres - est parti à la guerre à 20 ans après 2 ans de service militaire et on ne lui a pas demandé son avis. Il a toujours refusé de toucher sa pension d'ancien combattant car il pensait n'avoir fait que son devoir (mais lui se battait pour son pays).
Bon, je ne vais pas me lancer à 23h30 sur la patriotisme, le coloniaisme, la repentance, la honte, leur esthétisation et leur instrumentatlisation.

Proverbe chinois ; on peut voir le passé, mais on ne peut plus le toucher...