20 mai 2006

Les remords de Jackie…

Red road, d'Andrea Arnold

CANNES (suite)

Fast food nation de Richard Linklater (USA)

Une dénonciation sans équivoque du système qui produit la malbouffe : immigrés exploités, élevages surpeuplés, abattoirs "fordisés" et, au bout de la chaîne, nourriture souillée… Linklater n’y va pas avec le dos de la cuillère ; son pamphlet écolo répertorie, en une heure cinquante-quatre, tous les dysfonctionnements d’un système où les consommateurs eux-mêmes se font consommer par une industrie vorace. C’est d’ailleurs cette accumulation qui pose problème, le film apparaît parfois manipulateur, parfois too much (l’histoire des trois immigrés clandestins renvoie Zola à la bibliothèque rose). C’est d’autant plus regrettable que tout ce qui est dénoncé est juste et authentifié par l’actualité.

Cela dit, envoyez vos enfants voir ce film : peut-être que leur enthousiasme pro Mac Do va se refroidir… On peut toujours rêver ! En ce qui me concerne, dès la fin de la séance, ayant retrouvé mon ami Richard et sa femme Véro dans un restaurant proche de la rue d’Antibes, c’est avec une certaine véhémence que j’ai demandé que ma pizza soit strictement… végétarienne.


Red road d’Andrea Arnold (G-B)

Un remarquable premier film (caméra d’or en vue ?).

Jackie, opératrice dans une société de surveillance, a vécu un drame : un chauffard drogué a tué accidentellement sa fille et son mari. Depuis, elle erre au milieu des ombres qui peuplent sa terne existence. Le destin lui permet de retrouver le responsable de son malheur. Elle décide alors de se venger en élaborant un scénario aussi machiavélique qu’alambiqué. Mais ce qu’elle prend pour une soif de vengeance n’est qu’une façon d’apaiser ses remords : le soir tragique, son mari était sorti avec sa fille à la suite d’une dispute conjugale. Sa vengeance consommée, Jackie n’est plus écrasée par le poids de la culpabilité, elle peut donc pardonner. Elle recommence même à sourire et peut-être même qu’elle pourra aimer à nouveau.

Une fois de plus, nous sommes sidérés par la capacité des réalisateurs britanniques à rendre compte de la réalité sociale. Le milieu des petits prolos et demi marginaux de cette cité populaire de Glasgow est décrit avec une justesse et une humanité dignes de Ken Loach ou de Mike Leight. Mention spéciale pour l’actrice Kate Dickie qui sait nous rendre inoubliable le personnage de Jackie, jeune femme brisée par le deuil, mais dont le corps est périodiquement parcouru par des ondes de sensualité d’autant plus violentes qu’elles doivent être refoulées.


Selon Charlie de Nicole Garcia (France)

Incontestablement une déception. Le film raconte les destins croisés d’un anthropologue brillant, d’un enseignant frustré, d’un mauvais garçon pitoyable, d’un médecin adultère et d’un maire, dans une ville sans nom, au bord de l’Atlantique.

La réalisatrice lorgnait à l’évidence du côté d’Altman (Short cuts), elle se retrouve plutôt chez Lelouch. Une fois de plus, un film français présente une pléiade d’acteurs jouant juste des rôles faux. Qui peut en effet accorder quelque crédibilité aux états d’âme et aux caleçonnades de notables sans racines dont l’univers se situe à mille lieux de la réalité sociale telle qu’elle est présentée par exemple dans les films anglais ? Cerise sur le gâteau, la triple ou quadruple happy end du film me semble même avoir des relents néo conservateurs plutôt inquiétants sur le thème de la famille avant tout.

Une fois de plus, devant tant de talents gâchés (Bacri mais aussi Poelvoorde, Magimel, Lindon...), on a envie de dire Tout ça pour ça !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce que tu n'as pas dit, c'est que lorsque l'on s'est retrouvé, Véro et moi sortions de...Mac Do...misère.

Anonyme a dit…

Rien que pour son Chabadabada que l'on aime à fredonner et quel'on fredonnera quand même au delà de ses funérailles , m'accordez vous un petit bemole sur votre comparaison .

Penelope