18 mai 2006

Yu Hong

Summer palace, de Lou Ye

CANNES

Une première journée prometteuse, avec deux très bons films racontant chacun à leur façon, la destinée de deux enfants du siècle : Yu Hong, l’étudiante chinoise, et Damien, le révolutionnaire irlandais. L’époque les sépare (1989 et le printemps de Pékin pour l’une ; 1920 et la guerre d’Indépendance pour l’autre), mais leur profonde humanité les rapproche. C’est une de ces rencontres improbables qui se fait chaque année au hasard de la programmation du Festival.


Le vent se lève (The Wind that shakes the barley) de Ken Loach


Damien, jeune médecin, choqué par les exactions de l’armée anglaise, s’engage dans l’IRA. Tant qu’il s’agit de lutter pour la libération nationale, tout est facile (intellectuellement, car physiquement, une guerre est une guerre, sale, forcément sale). Mais quand il faut définir le type de société que l’on veut pour sa patrie libérée, tout se complique. Républicain progressiste, Damien ne veut pas d’une indépendance au rabais qui permettrait, comme il le rappelle à ses compagnons de lutte, aux patrons anglais de continuer à imposer leur loi au peuple irlandais. Il y laissera la vie. Du grand Ken Loach, celui qui refuse toujours le manichéisme (on se souvient encore de l’admirable Land and freedom sur la guerre civile espagnole), celui qui sait filmer comme personne les gens humbles, les oubliés de l’histoire.


Palais d’été (Summer palace) de Lou Ye

L’amour impossible parce qu’absolu de Yu Hong, l’étudiante provinciale, et de Zhou Wei, le beau ténébreux du campus. Nous sommes à la fin des années quatre-vingt, les étudiants chinois manifestent, exigent la démocratie et la liberté, mais l’histoire de Yu Hong et Wei Zhou flotte à la surface des événements. Elle est, comme toutes les histoires d’amour, intemporelle et éternelle. Elle l’aime. Il l’aime. Mais si fort qu’ils se trouvent dans l’incapacité de vivre leur passion. L’intensité sexuelle de leur relation se révèlera être un leurre qui ne leur ouvre aucun verrou. Sur le thème de l’incommunicabilité, il y a un peu de Antonioni chez Lou Ye. Comme chez le maître italien, le style est elliptique sans être abstrait, dépouillé sans être austère. La réalité politique omniprésente (Tien An Men, le Mur, la guerre du Golfe) n’est pas un gadget décoratif mais le contrepoint d’une histoire d’enfermement affectif où chacun est prisonnier à la fois de sa passion et du désespoir de ne pas pouvoir la communiquer à l’autre. Peut-être par crainte de s’y perdre. Un grand film et, avec Hao Lei, une candidate tout à fait enthousiasmante au prix d’interprétation féminine.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Film très intéressant mais un peu long à certain moment (2h10). Les images sont belles et sont servies par une photographie dépouillée qui donne une ambiance crue au film. La caméra est vive et percutante (caméra épaule). L'histoire est belle, mais le rappel aux événements historiques ne me semble pas apporter un plus au film car ils ne viennent pas interférer avec l'histoire d'amour. C'est une histoire terrible de deux personnes qui se sont croisés et vivent avec le remord d'être persuadés d'avoir loupé quelque chose dans leur vie. L'actrice Hao Lei porte le film, et fait penser à ces actrices qui ont su faire passer dans leur jeu de comédienne une fragilité incommensurable doublée par une force à la limite de la rage : Juliette Binoche, Jean Seberg, Ingrid Bergman, Eva marie Saint
Attention, le film peut avoir un petit arrière gout de vécu pour tous ceux qui cachent des fantomes dans les limbes de leur jeunesse, hé, hé…

Anonyme a dit…

Patrick s'il te plait arrête.
Encore quelques critiques de ce type et les conséquences seront les suivantes:
Primo nous seront tous obligés de nous précipiter dans les salles obscures
pour aller découvrir, redécouvrir et continuer à aimer le cinéma tel que tu le décrit.
Deusio tu va te facher avec tous les critiques de cinema présents sur la croisette, et qui, jours après jours, nous débitent (certains sont bon quand même) leur commentaire mielleux, teintés d'eau de rose (en accord peu etre avec les producteurs), en se pamant lorsqu'ils parlent de telle ou telle artiste (souvent féminine ), détaillant avec force sa tenue, sans jamais oublier de citer la marque du grand couturier qui l'habille évidemment, son visage, les bijoux qu'elle porte (encore le sponsoring), tant qu'à la fin on connait le nom de l'artiste, son visage, sa tenue vestimentaire (plutot sa marque), mais peu le film dans lequel il ou elle joue et pour lequel il a été accordé moins de temps dans le commentaire ou la critique que pour tout le reste.

ANTONIN

Anonyme a dit…

je me demandais pourquoi il n'est pas possible de voir certains films cannois à nice.

Unknown a dit…

C'est en effet incompréhensible. D'ailleurs, il y a deux mois, j'ai demandé à la tribune du Conseil général que celui-ci profite de son acquisition du cinéma Mercury pour héberger par exemple "La quinzaine des réalisateurs" en léger différé de Cannes (vingt-quatre heures), comme cela se faisait à la MJC Gorbella de la grande époque.
A moyen terme - et cela figurera dans le programme de Nice Plurielle - il s'agit d'associer institutionnellement la Ville de Nice au FIF.

Anonyme a dit…

bonne idée, très bonne idée. à nice il reste tout de même des salles pour accueillir ces projections, et un public.

toto de nice a dit…

Pour compléter ce que tu as dit de l'oeuvre de Ken Loach : son clip sur le 11 novembre...1970.
Pour ceux qui ne connaissent pas, je me suis permis de le mettre en ligne sur le blog de rénover06 à l'adresse : http://renover06.blogspot. com
A bientôt
Richard

Anonyme a dit…

Patrick Mottard
C'est un peut tard mais je tombe sur votre post par hasard,je suis celui qui gérer la quinzaine à l'Actuel, une petite précision! Souvent les films passait avant Cannes, et bien souvent on avez plusieurs voitures qui faisait la navette entre Cannes et Nice le film passant en même temps!avec un léger décalage horaire, d'ou le stress de louper, quand la premiere bobine se terminait direction Le palais de Cannes ou vice-versa ( en général 20 minutes par bobines )
J'ai quitté Mon pays il y a 8 ans pour des raisons persos! même on ce connait trés bien!
emile le moustachu..-> emile.06@gmail.com