03 septembre 2006

En attendant Godot

Petit à petit, le paysage de la campagne présidentielle se met en place. Surtout à droite.

Sarkozy, à peu près débarrassé de ses rivaux chiraquiens, a retrouvé le sourire et peut parader dans les universités d’été de l’UMP et du MEDEF entre deux évacuations musclées de squats. Le Pen, grand rassembleur de l’extrême droite, s’apprête à nous jouer le retour du fils prodigue façon Greuze en accordant son pardon au félon Mégret. Bayrou, il faut bien le reconnaître, nous fait une vraie campagne de centriste (sa reprise de volée gagnante contre Claire Chazal, la voix de son maître, hier au JT de TF1, à propos des liens entre l’UMP, les médias et les puissances d’argent, était un pur bonheur).

A gauche, par contre, la mise en place semble un peu plus laborieuse.

A la gauche de la gauche, les difficultés rencontrées pour faire émerger une candidature commune montrent que le ciment du non au referendum sur le TCE était bien friable et que, sous la Ve République, il est difficile pour une formation politique de renoncer à la tribune que représente la campagne présidentielle. Un autre monde est peut-être possible, mais sûrement avec une autre République.

Quant au PS, le moins que l’on puisse dire est qu’il a du retard à l’allumage. Un retard d’autant plus prévisible qu’il était programmé. Avec une langue de bois consensuelle et consternante, on n’a cessé de répéter (les présidentiables les premiers) qu’il fallait mettre les questions de personnes de côté et travailler… Alors que pour travailler efficacement, il fallait d’abord régler la question de personnes. Pour ma part, j’étais partisan d’une désignation dès le printemps qui aurait mis notre candidat(e) en position de force à la rentrée (Dominique, Laurent, Martine et les autres).

Certains ont fait semblant d’être déçus par l’Université d’été : c’était bien inutile car il n’y avait rien à en attendre, la désignation n’ayant toujours pas été faite. C’est ce que j’ai répondu aux journalistes qui s’étonnaient de mon absence à La Rochelle.

Notre choix se fera donc à la mi-novembre, et il sera bien tard. La Ve République aime les coureurs de fond (Pompidou, Mitterrand, Chirac) ; les sprinters peuvent faire une belle course, mais ils sont battus sur le fil (Poher en 1969, Jospin en 1995). Raison de plus pour choisir un candidat qui aura l’expérience nécessaire pour mener une campagne courte, pratiquement sans droit à l’erreur.

On peut toujours l’espérer.

27 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi aussi, je trouvais bizarre cette désignation tardive... mais comme je n'entendais personne s'en plaindre. Je suis contente de voir que je ne suis pas la seule. Maintenant on le voit bien, le mal est fait. Espérons que ce ne sera pas trop tard, parce que se payer Sarko, non merci !

Anonyme a dit…

et si "GODOT" n'était autre que JOSPIN? Ce matin sur france-inter il a laissé entendre que tout était encore possible, après son demi méa culpa de la Rochelle le voilà donc de retour, pourvu que cette fois il s'engage enfin sur un programme socialiste.

Amitiés sociales
Gilbert

Anonyme a dit…

J'ai parfois l'impression que le P.S. s'inpire plus de KAFKA que de BECKETT...

Anonyme a dit…

Jacques a dit... "Je serai Président!"

Anonyme a dit…

C'est sûr que l'université d'été de la Rochelle a laissé une image consternante du PS. On aurait pu faire pub plus catastrophique, avec un parti dont l'image renvoyée par les médias fut celui d'un agréga de notables, venus chacun avec leur petite cour, chacun cherchant à humilier l'autre.... Vraiment, le mois d'août a été aussi pourri pour le PS que la météo l'a été en France.

L'ennui dans ces querelles de personnes, c'est que, alors que grosso-modo les présidentiables se ressemblent (5 sur les 6 sont du même courant, le 6ème, Fabius pour pas le nommer, fut le numéro deux du dit courant jusqu'au coup de bluff du référendum de 2005) tout est fait pour donner l'impression que les différences d'opinions entre eux sont insurmontables. Par dessus le marché, ont a beau dire que les présidentiables sont tous des gens "de qualité", au final on a un Lang has been, un Jospin qui croit un peu trop à la résurection, un Hollande qui a force de petites blagues a réussi à faire croire à la France entière qu'il était -intellectuellement parlant- le Bush Jr du PS (un comble) et last but not least un Fabius qui est, hors du microcosme militant et dans le meilleurs des cas, jugé méprisable.
Quant aux deux qui restent, on a un Strauss-Kahn qui semble paumé depuis que la petite finale promise entre lui et Fabius à la sortie du Référendum de 2005 est passée aux oubliettes et une Royal qui est devenue inaudible tellement les commentaires -contradictoires- sur sa personne pleuvent dru: donc je sais qu'elle ne dit rien mais qu'elle parle trop, qu'elle est gauchiste et paitainiste, qu'elle est autoritaire et indécise, radine et dépensière, qu'elle impose trop sa personne à la Région Poitou-Charente et qu'elle n'y est jamais, qu'elle est lâche et téméraire, dépensière et radine, traditionnaliste et libertine, froide et agressive.... Si avec ça elle arrive pas à faire un concensus...

Bref, on a donc 6 quintaux de présidentiable, et la pire situation possible: celle de choisir par élimination: Quatre sont dors et déjà out, n'en restent que deux, donc, qu'est-ce que je fais, j'attend les grrrrrands débâts qui vont miraculeusement tout éclaircir, ou je tire à pile ou face?

Anonyme a dit…

C'est sûr Laurent que ce type de propos contribue à faire avancer le schmilblick...

Anonyme a dit…

Le schmilblick s'est bloqué tout seul il faut dire.

Le problème, c'est qu'en lieu et place d'une campagne interne, les présidentiables se sont laissé allé à un affrontement par presse interposé, chacun y allant de sa petite pique. L'avantage (produit de manière involontaire), c'est que chaque présidentiable a pu se mesurer de manière sauvage au regard des français.

C'est pour cela que je dit que 4 des 6 présidentiables peuvent être mis de côté: en trois mois, j'ai pu effectuer mon propre sondage sauvage, et ces 4 personnes, chaque fois que leur nom revenaient dans la conversation, n'ont évoqué absolument AUCUN commentaire postif, rien, nada, ils plaisent tellement peu que je me suis retrouvé à prendre la défense de Fabius à certains moments (c'est dire).
Je me doutais que Fabius, dont l'impopularité est connue, et Jospin, ne plaisaient pas, mais j'ai été surpris concernant Lang et Hollande. Lang est complètement hors jeu: les gens gardent une bonne opinion de l'ex ministre de la culture, mais il est quasiment considéré comme faisant partie des meubles: c'est une pièce de patrimoine français, mais, à ma grande surprise, la plupart des gens ne le considèrent même plus comme un homme politique. (C'est un peu la même chose pour Jospin: même ceux qui gardent un bon souvenir de ses années de premier ministre ne voient plus en lui un homme politique, l'image du retraité a, malgrès ses tentatives d'inverser la vapeur, définitivement pris le dessus)
Quant à Hollande, j'ai été effaré de la quantité de bois vert qu'il peut prendre, sans parler des surnoms, tous plus flatteurs les uns que les autres (idiot, simplet, gras du bide et ras du bulbe, et je me contente des commentaires les plus soft sur son compte) qui lui sont affublé. Il est perçu comme un personnage à la fois retors et limité intellectuellement (ce qui crée un portrait en forme d'oxymore, mais ça ne semble pas géner ceux qui le dressent).

Le résultat c'est que je suis à peu près sûr qu'aucun de ces quatre là n'a la moindre chance à la présidentielle: je vois mal comment des opinions négatives si nombreuses et si ancrées (parce que ceux qui tapent sur Jospin ou Fabius, Lang ou Hollande, sont parfaitement convaincus de ce qu'ils avancent) peuvent être retournées en quoi... 6 mois de campagne sans concession, avec des troupes sarkozystes remontées qui feront tout pour alimenter les mauvaises réputations de ces personnages et des soutiers des extrêmes (gauche et droite) qui préfèrent depuis toujours taper sur un socialiste que sur un conservateur.

Quant aux deux autres, j'étais parfaitement sincère quand j'affirmais que Strauss-Kahn me paraît paumé sans ses marques et dans le flou de plus en plus complet sur Royal, compte tenu du fait que j'ai entendu sur son compte absolument tout et son contraire alors qu'elle même donne moins ses opinions qu'au primtemps et que lorsque qu'elle les donne, il est plus facile de connaître ce que ses rivaux pensent de ses opinions que les dîtes opinions.

Anonyme a dit…

Et on ne parle pas de la confusion qui règne dans le courant de Montebourg...

Anonyme a dit…

et bien demandez-leur (aux gens qui vous entourent) ce qu'ils pensent de Sarkozy pour changer. Si vous obtenez une réponse floue, racontez leur simplement la vérité (vous n'avez que l'embarras des arguments il me semble). ça leur remettra les idées en place et leur fera prendre conscience des priorités peut-être.

Anonyme a dit…

Par pitié, par Jospin, Aubry et les autres, je souhaite un vrai socialiste et pas un pseudo président qui se retire e qui alors que personne ne lui demande rien se pose en sauveur de la nation.
j'espère que nous aurons un Fabius au mieux de sa forme
bien à vous

Serge

Anonyme a dit…

Petit aide mémoire pour celles et ceux qui scrutent la politique à travers les sondages et qui ont la mémoire courte :

Il y a 5 ans, les 7-8 septembre 2001, TNS-Sofres / LCI / Nouvel Observateur réalisait un sondage, en voici les résultats :

Lionel Jospin était crédité d'une intention de vote de 27 % au premier tour et ... d'une victoire par 51 % contre 49 % face à Chirac au 2ème tour.

Anonyme a dit…

pas 5% mais 11% d'écart entre septembre 2001 et avril 2002...

Ceci dit, à l'heure actuelle, je considère malgrès tout la SOFRES comme l'institut le plus fiable, puisqu'il s'agit de celui dont les sondages publiés avant les élections régionales et européennes de 2004 furent les plus proches des résultats finaux.

Bien sûr, on peut céder à la mauvaise habitude qui est de considérer les sondages comme valables quand le résultat plait et foireux quand il ne plaît pas, mais on a quand même d'un côté une Royal avec 34% d'intentions de vote face à un Fabius qui monte dans le meilleurs des cas à 12%. Je veux bien qu'un institut se plante, mais à ce point là? (d'autant plus qu'aux régionales l'écart entre les prévisions Sofres et le résultat se situait dans une fourchette de +/- 1%)

En fait, on voit là un phénomène qui se dévellope depuis plusieurs années, un phénomène dont Patrick lui même parlait puisqu'il disait qu'en 30 ans de vie politique, il avait vu les mœurs électorales changer, entre une époque où un électeur PC, ou RPR, ou PS, choisissait son candidat presque uniquement sur son étiquette et où la fidélité d'un électeur à son parti était la norme, à l'époque contemporaine (le même Patrick a alors employé le terme de "consumérisme démocratique") où un électeur, même s'il se sent plus d'affinités avec tel ou tel parti, peut parfaitement décider de voter pour un autre candidat si celui de "son" parti n'est pas jugé assez compétent/honnête/travailleur (rayez les mentions inutiles s'il y en a).
En d'autre terme, un nombre grandissant de Français a désormais déconnecté le candidat du parti qu'il représente: c'est entre autre pour cela qu'un Jospin, candidat d'un parti bien plus populaire que le FN (le parti le plus détesté de France depuis plus de 20 ans sans discontinuer) a pu se faire sortir dès le premier tour. Le bon côté c'est qu'il sera de moins en moins possible à un homme politique incompétant ou corrompu de se maintenir en poste, puisqu'un nombre grandissant d'électeurs de son parti refuseront de voter pour un individu déplaisant, même si parfois, un candidat impopulaire peut se faire sortir par pire que lui. On pourrait craindre aussi une personification accrue du pouvoir (avec la crainte de voter plus pour du people que pour des idées) mais dans les fait cette personnification existe depuis toujours, l'époque nous force juste à la regarder en face.

Quant au danger Lepen, je vais profiter l'occasion pour parler un peu de ses scores "mirobolant":
En 1988, Lepen a obtenu les suffrages de 4.349.783 Français ayant le droit de vote, sur un corps électoral complet de 37.071.316 voix, ce qui donnait une proportion de 11,73% des Français.
En 2002, Lepen a obtenu les suffrages de 4.804.713 Français au premier tour. Ça monte, hein? Sauf que le nombre de Français ayant le droit de vote avait augmenté lui aussi, pour se situer à 41.194.689 voix, ce qui fait en 2002 que la proportion de Français ayant voté Lepen se chiffrait à.... 11,66%
Bah oui, personne fait gaffe, mais en fait, Nonœil a réussi à passer au second tour en 2002 en séduisant une proportion (légerement) moindre de la Nation. Bien sûr, le fait que le candidat du PS de 2002 ait fait 6 millions de voix de moins que celui de 88 a quand même bien aidé. Mais on peut donc remarquer que si, en deux décénies le nombre d'abstentionnistes a doublé, le poids électoral du FN, par contre, stagne. En fait, dans chaque élection, le poids de l'extrême droite est très dépendant du taux d'abstention: 15% d'abstention en 88 et c'est un second tour Mitterand/Chirac, 30% en 2002, et c'est Chirac/Lepen, dans les régionales en PACA, 45% d'abstentions en 1998, et le FN dépasse les listes RPR et UDF réunies, 39% en 2004, le FN est toujours fort, mais il est troisième, derrière l'UMP/UDF et très loin derrière la Gauche (entre 98 et 2004, l'écarts des voix passe de moins de 4% à plus de 12% entre le FN et la liste de Vauzelle, l'écart a quand même triplé l'air de rien), de même à Nice, si à une élection cantonale, plus de la moitié des gens restent au lit, on a droit à un duel droite/extrême droite, mais dès que la participation remonte, la gauche arrive au second tour, gagne une fois sur deux, et le FN voit alors ses scores fondre simplement par la grâce de la très sainte Participation.
En d'autre termes, l'une des composantes majeures du résultat des présidentielles sera le taux d'abstention: si le candidat du PS est mal aimé, mal vu des Français, on verra de nouveau une abstention records et une dispertion des voix qui offrira un dernier moment de gloire à Lepen et un fauteil de chef d'État à Sarkozy, et comme l'époque n'est plus celle où les gens allaient voter pour leur parti, même en traînant des pieds, même en maugréant, un candidat du PS qui n'est pas capable de popusser les gens à se déplacer pour lui sera fichu.

Anonyme a dit…

Laurent, je suis consterné par les propos que tu écris, et qu'hélas tu n'est pas le seul à tenir au sein du PS.

Lorsque tu voit un Fabius "bluffeur", moi je voit un ex 1er ministre, ex ministre des finances, ex président de l'assemblée nationale.

Lorsque tu voit un Lang "has been", moi je voit un ex ministre de la culture et de l'éducation autrement plus efficace qu'un RDDV ou qu'un Robien.

Lorsque tu imagine Jospin en jesus réssuscité, moi je voit un ex ministre de l'éducation, ex 1er ministre qui a très bien tenu son rôle et avec plus de dignité que l'actuel.

Lorsque tu voit un Bush jr. en Hollande, moi je voit un 1er secretaire depuis près de 10 ans, qui a assumé malgrès tout l'après 21 avril.

Lorsque tu voit un Strauss-Kahn paumé, moi je voit un des meilleurs économiste reconnu, qui a été aussi l'un des meilleurs ministre dans cette fonction.

Lorsque tu voit une Royale inaudible, moi je voit une ex ministre, ex conseillère de Mitterand, et actuelle présidente d'une région arrachée à la droite.

Continuer de cette façon là, c'est tuer à coup sûr le pere ou la mere, c'est au choix.

Pendant ce temps, le Sarko show s'organise. Il ne faut pas se tromper de cible. Alors plutot que de faire le lit de la droite en nous tapant dessus à la face du monde, dépensons notre énérgie à pointer les failles et incompétences du gouvernement et de l'UMP. Les résultats parlent d'eux même.

Moi je suis quand même fier de voir cette multitude de gens de talents au PS, tous plus compétents les uns que les autres, avoir autant d'ambition. Cela prouve que notre parti est un parti démocratique.
Plutot que de voir le verre à moitié vide, voyons le plutot à moitié plein.

Nous allons engager des débats, au sein de toutes les sections, qui seront, n'en doutons pas, très fructueux. Il faut nous reserver pour cette période la, et à ce moment là, chacun pourras y défendre celui ou celle qu'il a choisit. Et surtout, une fois le choix fait, il faudra tous se mobiliser derrière notre candidat.

En tout cas une chose est sure.
Plutot qu'un choix par "élimination", c'est plutot un choix parmi des gens qualifiés et compétents que l'on aura à se prononcer.

ANTONIN

Anonyme a dit…

et toc. :)

Anonyme a dit…

Sauf que j'ai pas parlé du côté "bluffeur", enfin, pas à propos de ce texte là, et que ce que je disais ne tournait pas autour de mes propres opinions, mais autour de ce que j'ai entendu sur les différents "candidables" (la mode est aux néologisme) et Fabius et assez clairement TRÈS mal aimé. Le problème de Fabius, c'est qu'en dehors de son cercle de supporteurs, il n'y a plus grand monde pour prendre sa défense

Lang lui est certes considéré comme un très bon ministre de la culture, mais ça n'empêche: les gens ne voient plus en lui un politique mais un morceau d'histoire. C'est d'ailleurs une leçon que les hommes qui rêvent de laisser leur empreinte sur l'histoire devraient méditer: le jour où ils l'auront laissé, les gens commenceront à parler d'eux au passé, même s'ils sont toujours de ce monde.

Jospin, je parlais pas de lui en tant que petit Jésus.... Un Hari Seldon spectral qui sort de sa crypte pour donner des leçons de politique lui conviendrait mieux en fait. L'ennui c'est que l'autre ex premier ministre est aussi perçu comme un ex retraité de la politique qui aurait du le rester, retraité.

Quant à Hollande, il est perçu comme un grand dadais sans envergure mis en place par Jospin.

Dans ces quatre cas, je ne parlais pas de ce que je voyais MOI, je parlais de ce que j'avais entendu ces derniers mois. le fait est que ces quatre là souffrent une image déplorable, c'est comme ça, c'est pas moi qui leur ai collé leur étiquette sur la tête, elle y était déjà, merci de ne pas me jeter la pierre.

Quant à un Strauss paumé et une Royal inaudible, désolé, mais c'est bien le cas: Strauss était encore le favori pour l'investiture l'année dernière à la même heure, et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il a du mal à s'adapter à la situation actuelle. Et Royal... Franchement, ce tir de barrage à son encontre est vraiment assourdissant, et il devient difficile de savoir ce qu'elle dit (Par contre, on sait tout de suite ce que Fabius a dit avec ses Voici et Aubry avec ses mensurations, mais ça n'élève pas le débat).

***

Le problème vient du fait que les 6 présidentiables ne sont pas si différents sur le fond (ils appartenaient tous au même courant en 2003, remember, et en 2005, Fabius a bien créé son propre courant dans uns stratégie pré-présidentielle, mais le résultat n'a pas vraiment été à la hauteur de ses espérances), mais comme il faut en choisir un, il faut exacerber à tout prix les petites différences d'opinions qui existent entre eux, histoire de bien marquer les personnalités de chacun, et tant pis si ça fini par ressembler à un jeu de massacre déjà rebaptisé par certains "Battle Royal" (du nom du film où des camarades d'une classe de lycée s'entre-tuent).

Or, dès lors qu'on enlève l'exacerbation des oppositions entre candidats à coups de petites phrases assassines, il devient difficile de les départager sur autre chose que leurs chances de l'emporter lors de la présidentielle.

Anonyme a dit…

Désolée, Laurent, mais penses-tu vraiment que tous les candidats ont tenu les mêmes propos s'agissant de la sécurité ou de la carte scolaire ? Il ne s'agit pas là de querelles de personnes ou de petites phrases assassines...

Anonyme a dit…

Justement: le coup de la sécurité made in Royal est très révélateur de ce qui se passe: les déclarations de Royal sur la sécurité ont été très vite suivies d'une volée de bois vert, certain allant jusqu'à accuser Royal de faire preuve de pétainisme à l'égard de la jeunesse (mais alors, si elle est pétainiste, pourquoi ne pas avoir demander son exclusion? C'est vrai que d'un autre autre côté ce parti est habitué des grandes phrases dénonciatrices qui finissent en queue de poisson) ce qui finalement à arrangé les affaires de Royal, puisque:
1. Elle est devenu officiellement LA socialiste qui ose parler de sécurité (même si d'autres qu'elle en parle)
2. Elle a pas vraiment eu à s'expliquer sur ces déclarations.
Et en attendant, le grand débât interne sur la sécurité, on l'attend toujours.

Quant à la carte scolaire, ça fait des années que j'entends des profs (chuis fils de profs du secondaire, donc j'ai pu les étudier dans leur milieu naturel) se plaindre de la carte scolaire, et plus particulièrement de la façon dont certains parents (et chefs d'établissements publics qui pratiquent une sélection officieuse, et certains profs en quête de lycées tranquilles ou profitables à leur carrière) trichent de diverses manière avec la carte scolaire.
Qu'une discussion s'engage sur la carte scolaire, c'est bien, mais là, encore, afin de bien marquer lles différences entre les pré-candidats, le trait a été d'office forcé, et on est retombé dans un cas caricatural de discussion binaire de type "pour ou contre la carte scolaire"

Anonyme a dit…

Et la droite dans tout ça?

ANTONIN

Anonyme a dit…

Laurent je préfère nettement quand tu nous offres tes analyses fines et tes commentaires pertinents que lorsque tu nous inondes avec tous les ragots dignes du comptoir d'un bistrot. Tu m'as habitué à mieux.Pour les suivre depuis longtemps et connaître leur carrière et leurs combats, pour avoir écouté leurs discours et lu leurs écrits, je pense que nos candidats ou candidates sont tous compétents et capables de mener et gagner, avec l'appui de l'ensemble du Parti, la bataille des Présidentielles. A nous de choisir le meilleur ou celui qui a la plus grande chance de gagner ( premier réel problème pour moi le meilleur devrait être celui qui a la plus grande chance de gagner, je sais malheureusement que ce n'est pas si simple).Tu parles de candidats ambigus, flous, palots, voire "bluffeur" te poses-tu la question: qu'est ce qui fait que des candidats intelligents, compétents, de grande expérience soyent obligés, pour avoir l'investiture interne du Parti, d'agir comme ils agissent et de faire de la politique comme ils en font ? Nous avons sûrement une immense responsabilité individuelle et collective. Je ne sais pas si nous aurons le candidat le meilleur et si nous gagnerons avec lui. Je ne sais pas si ce sera le candidat que nous préférons, mais ce que je sais, c'est que nous aurons le candidat que nous méritons. Je demeure confiant et optimiste car aucun d'entre nous, je l'espère, n'a pris la résolution inébranlable de rester bête, ni fait le serment de le rester.

Anonyme a dit…

Vous ne parlez que de candidats "compétents", "expérimentés" (par leur passage au Pouvoir) et "meilleure chance pour le PS de gagner"...
Je suis atterré une fois de plus par cet aveuglement entêté de la réalité du peuple de gauche de ce pays (particulièrement hors des encartés du PS et qui représentent très largement la majorité de ce peuple de Gauche). Ce que tous ses gens attendent est un PROGRAMME de gauche, un VRAI programme de gauche et qui ne soit pas seulement un catalogue démagogiques de promesses électorales qui ne sera pas tenu une fois au pouvoir ("les réalités économiques", "l'environnement international", etc., on connait par coeur toutes les raisons).
La Gauche a gagné le 10 mai 81 car les gens voulaient une vraie rupture (pas celle prônée aujourd'hui par Sarkozy ;). Les promesses ont été tenues pendant deux ans puis aux oubliettes pour raison de "réalisme". Depuis, et même si la Gauche au pouvoir c'était toujours mieux que la Droite, le PS n'a cessé de se social-démocratiser jusqu'à devenir un parti de centre-gauche, marchant allègrement dans les pas de Blair et autres Schröder.
La Gauche ne doit pas accéder au pouvoir par défaut parceque la Droite (et tout particulièrement Sarkozy) est encore pire que tout ! Or, c'est l'impression que ne cesse de donner le PS depuis des mois, des années. Se contenter de ça, de battre la Droite. Mais pour faire quoi, les amis ? Une simple politique de droite ou du centre "plus sociale" (autrement dit de centre-gauche) ? Ou une véritable politique de Gauche et de rupture ?
Le PS manque d'un véritable programme "permanent" et d'une vision globale bien définie de la société à gauche toute. Son programme n'est toujours qu'un catalogue préparé à l'approche des élections. Je crois que le Parti ne se rend absolument pas compte de la réalité de notre pays aujourd'hui et de l'attente des gens et surtout des gens de gauche. Il ne se rend pas compte non plus que "gauchiser" son discours à la manière de tous les candidats à la candidature du Parti (et comme toujours avant toute investissure ou toute élection nationale) ne marche plus auprès de l'opinion, moins naïve qu'on ne le croit et surtout douée de mémoire politique. Ce ne sont pas les mots qui comptent mais les actes une fois au pouvoir.
Aujourd'hui le paradoxe est le suivant : ce qui compte est la défaite de Sarko mais (contrairement à ce que dit annemariek), l'important pour la Gauche (et le PS doit aussi comprendre qu'il n'est pas toute la Gauche et je ne parle pas là seulement en termes de partis politiques mais aussi en termes de sensibilité politique) n'est pas la victoire pour la victoire, mais un programme de gauche, vraiment de gauche, de rupture, et qui sera appliqué une fois au pouvoir et non "remis à plus tard", voir envoyé aux oubliettes pour telle ou telle raison de "realpolitik".
Dois-je ajouter que pour toute personne de gauche, le PS est actuellement désespérant ?

Anonyme a dit…

Et où à gauche trouvez-vous des raisons d'espérer plus qu'au PS ?

Anonyme a dit…

Pour répondre à l'anonyme désespéré, c'est vrai que, pour ne donner que quelques exemples, les lois Auroux (les accords syndicaux de branche que la droite veut supprimer), le RMI, la CMU, les 35 heures qui ont créé des centaines de milliers d'emploi et qui permettent aux gens d'avoir autre chose dans leur vie que le boulot (c'est marrant d'ailleurs, tout le monde râle contre les 35h mais il paraît que nous sommes 65% de français à vouloir les conserver!), les multitudes allocations d'aide supprimés par la droite, les avancées sociales en tout genre, et j'en oublie des tonnes, ça ne fait partie ni d'un bilan ni d'un programme peut-être?
Ce ne sont pas des mesurettes, ce sont des promesses qui ont été tenues, et après les deux ans de grâce 81-83 pour la plupart.

Si vous avez raison sur le fait que le PS ne doit pas se contenter de s'opposer à la droite (il faut une vision propre), avouez que cette droite nous donne déjà pas mal de boulot! En revanche, je suis complètement d'accord avec vous sur le blairisme mais il ne me semble pas que l'actuel programme du PS en soit le reflet!

Anonyme a dit…

A l'anonymous désespéré : au lieu de dire "peuple de gauche", il serait plus juste de dire "peuple des spectateurs de gauche", l'immense cohorte de ceux qui sont revenus de tout sans avoir jamais été nulle part.
Signé" : un militant qui fait ce qu'il peut dans un monde réel

Anonyme a dit…

Allons, Henri, il est inconcevable de dire du mal des bistrots, qui sont les saintes terres où le socialisme est apparu (À la mienne... heu... Amen).

Pourtant ces "ragots" que tu semble mépriser participent à la construction de l'opinion publique, car ils influent énormément sur la réputation d'un candidat, et, pour le meilleurs et essentiellement pour le pire, ils sont là, et les ignorer sous prétexte de prendre de la hauteur relève de l'arrogance:
Un candidat qui souffre d'une très mauvaise réputation (méritée ou non) perdra ses élections, or, à la différence d'une circonscription électorale, espace suffisamment petit pour que celui qui cherche à s'y faire élire puisse, en se présentant en personne, contrer les effets délétères d'une mauvaise réputation, la France est un trop gros morceau pour qu'un candidat à l'Élysée soit en mesure, en l'espace de 6 mois, de renverser un à priori négatif, n'oublions pas que tous les vainqueurs des élections présidentielles depuis que le suffrage universel existe sont partis avec une opinion relativement favorable (soit une majorité de Français avaient une bonne opinion d'eux, soit ils inspiraient de l'indifférence, mais en aucun cas ils n'inspiraient de puissant rejet) à leur encontre, la seule exception notable étant... Chirac en 2002.

***

Quant aux histoires de programme, il faut voir une chose: qu'est-ce qui fait la différence entre un programme et un ensemble de slogans?
Ce qui fait la différence c'est la bonne ou la mauvaise foi de celui ou celle qui défend son "programme"

Déjà, il est facile de critiquer l'aspect catalogue d'un programme, mais, puisqu'un programme doit contenir les objectifs du gouvernement futur et les mesures qui seront mises en places pour pour accéder à ces objectifs, il est impossible de ne pas organiser et lister le tout.
De plus notons que Hollande (qui est plus intelligent que les "ragots" ne le disent) soutenait mordicus qu'un programme politique devait être issu d'une longue réflexion commencée bien en amont des élections. Le problème, c'est qu'il y a eu le référendum, et que toute réflexion faîte de la mi 2004 à début 2006 est passé par pertes et profits pour cause de guéguerre référendaire, et quand la question du programme est revenu, la pré-campagne avait déjà commencé est les rivalités des présidentiables étaient tellement fortes qu'elles faussaient l'ensemble. D'ailleurs, compte tenu de l'ambiance qui régnait à ce moment là, le programme actuel du PS n'est pas si mauvais, même s'il parle essentiellement des objectifs à atteindre, ce qui lui donne un air de "catalogues de bonnes intentions" propre à lui attirer des commentaires railleurs (cela dit, le programme Sarkozyste étant quant à lui un catalogue de mauvaises intentions, le programme du PS ne souffre donc pas trop de la comparaison).

Ensuite, quand on parle de "Real Politik" on emploi un terme qui en réalité recouvre deux choses très différentes: la première est la limitation des pouvoirs des États: un État n'est pas omnipotent, et il ne suffit pas de décréter que ça va aller mieux pour améliorer la situation: parfois, même avec la meilleure volonté du monde, la politique échoue par manque de force. La deuxième chose est le renoncement, la capitulation, voir la trahison cynique des engagements pris sous le prétexte de la nécessité: Vendre les autoroutes ou privatiser GDF après avoir juré la main sur le cœur que ça n'arriverait jamais, ce sont des actes condamnables qui sont présenté comme inévitable alors que rien n'est plus faux.
On a beau jeu de taper sur la rigueur, mais on oublie que sans ça, c'était la mise en faillite et 20 ans de Reaganisme à la suite: permettre un triomphe de l'ultra-libéralisme (qui ne règne pas en France. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais techniquement, il ne règne pas, si vous voulez de l'ultra-libéralisme essayez les plantations Malaisiennes ou les chantiers des Emirats Arabes Unis) là aurait été la véritable trahison.
De plus, si la majorité des promesses de 1981 on été tenues (sisi) beaucoup de mesures promises à l'époque n'ont pas été mises en applications durant la période 81-83, mais par les gouvernements de gauche qui se sont succédés par la suite, en d'autre termes, ce n'est pas vrai que la gauche a cessé d'être de gauche en 83: elle a continué à agir par la suite, et à tenir ses promesses, espaçant sa politique dans le temps, mais la mettant malgré tout en application. C'est d'ailleurs le principe même d'un parti réformiste: plutôt que de faire semblant de croire qu'un seul triomphe électoral suffira à changer miraculeusement le monde pour le meilleur, les réformistes ont choisi de mener une guerre d'usure contre tout ce qui ne tournait pas rond sur Terre, et c'est pour cela que depuis 120 ans c'est la Gauche qui fait l'Histoire et la Droite qui la freine.
Tout cela pour dire que certes, il arrive qu'un gouvernement de gauche ne fasse pas tout ce qu'il avait prévu, mais jusqu'à présent aucun échec de la gauche n'a été synonyme de renoncement définitif: ce qui n'a pas été fait en 81 l'a été en 88, ce qui n'a pu être fait en 88 l'a été en 97, et ainsi de suite.
Il existe donc bel et bien un pragmatisme de bonne foi, qui se traduit par le fait qu'une mesure promise qui n'est pas prise le jour J sera prise le lendemain ou le surlendemain, mais ne sera jamais "passée aux oubliettes" qui est le contraire d'une mauvaise foi qui se prétend pragmatique, et qui se traduit par des promesses faîtes par des gens qui n'ont jamais eu l'intention de les tenir, quand bien même la chose fut réalisable.
Et on le vois donc: sur le long terme, les sociaux démocrates honnis et accusés de toutes les trahisons ont fait plus de mal au système inégalitaire défendu par les élites de droite que tous les spécialistes du "plus à gauche que moi tu meurs" dont le radicalisme se limite à des questions de jargon.

D'ailleurs, à ce sujet, il est facile de dire du mal d'un PS trop "Centre-Gauche" mais il faut savoir que si on emploi de terme "Centre-Gauche" c'est par opposition au terme "d'Extrême-Gauche". Contrairement à une idée répandue, être modéré ne signifie en aucun cas être tiède dans ses convictions: être modéré et non extrémiste, c'est refuser le confort du "tout ou rien" prôné par les extrémistes qui n'est en réalité qu'une acceptation soumise du "rien". C'est refuser le conformisme de la contestation systématique et non réfléchie (dire que ce que fait la droite c'est mal parce que c'est la droite et en rester là) voir carrément hypocrite (accuser les modérés de gauche d'être des libéraux ou les modérés de droite d'être fascistes), c'est aussi refuser le despotisme qui se cache derrière des excuses idéologiques. C'est facile de hurler au scandale quand un Roccard va à l'université d'été de l'UDF, mais combien de membres du Medef, de conseillers de Bush, ont commencé à l'extrême-gauche? Combien parmi ceux qui ont commencé par se prétendre les vrais défenseurs des idéaux de gauche ont fini à l'extrême droite? Il n'y a pas Scandale là aussi? Quand les partis d'extrême gauche et le PCF vont voir en 2005 les alter-mondialistes en disant "vous êtes nos frèèèères" ont-ils pensé à préciser que le 20 janvier 2000, quand le parlement de Strasbourg, sur demande des Socialistes a voté sur un projet de résolution visant à instituer la taxation des transactions financières, ces élus, incarnant la "vrai gauche" sont allés voter avec les ultra-libéraux CONTRE ce projet? (le vote négatif l'a emporté de trois voix... les trois voix des députés LO qui ont voté contre)

Voilà pourquoi je commençais en disant que les questions de programmes sont aussi des questions de bonne foi. Il est exacte que "gauchire" sont discours à l'approche d'élections, ça eu payé dans le temps, mais ça paye plus aujourd'hui, et il est aussi exact qu'il existe des sensibilités politiques de gauche extérieures au PS.
Cela dit, la question de la sincérité de ceux qui prétendent incarner ces sensibilités doit être posée, car à l'heure actuelle, aussi désespérant soit-il, le PS reste le pire parti de Gauche à l'exception de tous les autres.

Anonyme a dit…

Et pourquoi pas un candidat qui ferait tous les bistrots de France pour nous convaincre du bien fondé de son programme (consommations comprises évidemment). Quelle santé il aurait!

ANTONIN

Anonyme a dit…

Et bien voilà: on a l'affiche de la finale interne au PS: Patrick qui a fait tous les bistrots de Nice se porte candidat à la candidature et affrontera Royal qui a fait tous les bistrots du Poitou: Un beau match en perspective

Anonyme a dit…

Et en plus, pour être certain d'une mobilisation forte, le vote se deroulera par téléphone en composant un numero surtaxé.
L'émission s'appelera "POLITIQUEMENT STAR".
Reste à trouver les pom pom girls.

ANTONIN