20 septembre 2006

Le Var et la Grande Bleue

Françoise Rousset, Histoire de gens sur le damier

Awa est une jolie étudiante Sénégalaise ; Benoît, Niçois de naissance, est cuisinier de métier. Ils ont un peu plus de vingt-cinq ans, la vie devant eux et je viens de les marier. Mon discours républicain est donc tout naturellement un hommage à la mixité. Cette mixité, source de joie de vivre, de vitalité et de beauté, si nécessaire au rayonnement et au dynamisme de notre cité.

Cet hommage prend la forme insolite d’un petit voyage… en avion ! Il s’agit, en effet, de survoler notre région.

« … Juste avant d’atterrir sur l’aéroport de Nice, l’avion suit la côte azuréenne : Estérel, Cannes, îles de Lérins, Cap d’Antibes, et enfin embouchure du Var.

C’est à la verticale de celle-ci que je vous propose de nous arrêter quelques instants. En effet, à la saison de la fonte des neiges, le spectacle est saisissant.

Les eaux boueuses du fleuve, en refusant de se mélanger à la Méditerranée, dessinent dans la mer un demi-cercle spectaculaire à la fois par ses dimensions et par la netteté de son contour. Si le soleil brille et si l’avion n’est pas trop pressé, l’image est magnifique. La mer a beau déployer sa séduction, le fleuve aux eaux gorgées de toutes ces parcelles de vie arrachées aux montagne résiste. Il refuse de se dissoudre directement dans la Grande Bleue.

Bien sûr, il le fera plus tard, plus loin. Mais, par son étonnante résistance, c’est comme s’il voulait signifier que cette union ne sera jamais un mélange mais la communion de ses mystères avec la mer toujours recommencée…

Nous ne sommes pas très loin de la cérémonie d’aujourd’hui. Il en est des couples comme des fleuves et des mers, les différences sont toujours source de richesse et de force.

Awa, Benoît,
La culture, l’histoire familiale et le destin individuel de chacun sont des cadeaux que l’on offre à l’autre. Il vous faudra avoir la fierté du Var et la patience de la Méditerranée, en ne mélangeant pas trop vite votre double héritage. La recherche du plus petit dénominateur commun rend l’eau grise et l’existence médiocre.

Awa, Benoît,
Revendiquez et protégez mutuellement vos différences.
Ce sont elles qui feront la force de votre couple.
Ce sont elles qui vous permettront, sur la mer toujours recommencée, d’aller au delà de l’horizon ».

8 commentaires:

Anonyme a dit…

L'autre est différent, certes. Il ne s'agit pas de nier cette différence, ou de prétendre l'oublier, mais d'en tirer parti. Car la vie se nourrit de différences; l'uniformité mêne à la mort.
"Le mariage est une patience qui peut devenir une réussite".
Rose.

Anonyme a dit…

C'est très joli ce texte. Ce que j'ai préféré, c'est l'emploi du mot héritage plutôt que celui de "racines". Un héritage, on l'a reçu, on vit avec mais on peut en faire ce qu'on en veut; si on veut en envoyer une partie par dessus bord, on peut.
Les racines, c'est plus compliqué, ça coince et ça retient un peu au sol.
Comme quoi, chaque mot a une image (en tout cas pour moi!).

Anonyme a dit…

Je suppose que ce discours les marquera...
Ils apprendront surement s'ils ne le savent pas déjà que la plus belle couleur est celle que l'on créer à deux, comme sur une palette quand les taches se fondent. Quelque chose de différent apparaît, mais il y a toujours les deux teintes de base accrochées au support en bois pour rappeler l'origine d'une nouvelle couleur unique. Le résultat est souvent différent de celui que l'on désirait vraiment, le moyen d'y arriver pas toujours académique. Mais l'accepter fera de cette teinte la plus douce peut-être, à défaut d'être parfaite. Elle aura une histoire que les autres en tube d'aluminium n'imagineront pas.
Je leur souhaite plein de bonheur, une vie qui bouge, faite de dialogue,... et au prochain couple: que le discours soit aussi inspiré !!

Anonyme a dit…

Muriel est mûre pour prononcer de beaux discours de mariage...

Anonyme a dit…

A la lecture de ce texte sublime évocateur et plein d'espoir je me dit que le monde est injuste.

Le monde (ou plutot la mairie) a été injuste pour mon épouse et moi-même, lorsque, par une belle matinée d'octobre 88 nous nous sommes retrouvé face à André Bonny (eh oui, la chance n'est pas toujours au rendez-vous).

Ou etais tu Patrick?

ANTONIN

Anonyme a dit…

Il faudrait que j'y passe moi-même avant !

Unknown a dit…

Muriel, quand ça viendra, si vous vous mariez à Nice, faites-le moi savoir !

Anonyme a dit…

Je dois dire que ce serait avec un énorme plaisir !