En cette fin d’après-midi, j’assiste à mon énième Conseil d’Administration du Collège Vernier, instance dont je suis membre en tant que représentant du Conseil général depuis 1998. Malgré leur longueur (souvent plus de trois heures), j’apprécie ces réunions où se retrouve toute la communauté éducative d’un collège qui est – le conseiller général peut en témoigner – le poumon républicain d’un quartier populaire plein de vie et de diversité. Un quartier qui, sans le collège (et quelques associations particulièrement dynamiques), pourrait facilement rejoindre la liste navrante des quartiers "difficiles".
Ici, au sein de ce Conseil d’Administration, pas de profs corporatistes, pas de parents d’élèves recroquevillés sur les intérêts de leurs propres enfants, bien au contraire ; et une Principale et une équipe administrative qui se sentent à l’évidence investies d’une vraie mission de service public.
Pourtant Vernier fait partie de ces établissements accueillant des enfants représentant des dizaines de nationalités. Le plus beau fleuron du collège étant incontestablement la classe FLS (français langue secondaire) qui permet à des petits étrangers de tous les horizons de rejoindre le cursus classique en une seule année scolaire. J’avoue que chaque année, je suis très ému quand les élèves de cette classe, qu’ils soient Tchétchènes, Capverdiens, Moldaves, ou Cambodgiens, m’offrent la plaquette qui relate leurs activités de l’année, une plaquette qui plus est dédicacée…
Pour autant, Vernier n’est pas qu’un sas d’intégration, L’équipe de direction et les enseignants ne cèdent rien sur le terrain de l’excellence : enseignement du latin et du grec (d’où un mémorable reportage au JT de… TF1 !), enseignement du niçois, classe patrimoine, sorties et voyages thématiques, utilisation poussée de l’informatique, réalisation de projets artistiques de grande qualité, labellisation prochaine du collège en pôle scientifique...
La réalité de cette mixité sociale et ethnique, j’ai pu la vérifier, il y a quelques mois, en accompagnant une classe à Auschwitz à la recherche de la mémoire concentrationnaire. Ce jour-là, qu’on soit des collines niçoises ou de la rue Trachel, qu’on soit black, blanc, beur ou asiatique, tout Vernier a communié avec les victimes de la barbarie.
Bien sûr, tout n’est pas parfait et la violence de la société cogne parfois aux portes du collège (quelques incidents sérieux ces derniers mois). Mais la gestion de l’établissement est imaginative tout en restant étonnamment maîtrisée, même si les moyens ne sont pas toujours à la hauteur (le collège n’a plus d’assistante sociale depuis plusieurs mois, absence de médecin scolaire, rejet d’un beau projet pédagogique sur le Paris médiéval…).
Dans quelques minutes, après avoir évoqué la dotation globale horaire, les prochaines sorties scolaires et les fameuses « questions diverses » (la terreur des gens pressés !), nous prendrons en commun la petite collation de l’amitié. Et une fois de plus, en bavardant avec les uns et les autres, je me dirai que nous sommes à des années-lumière des caricatures qui circulent sur l’Education Nationale, la jeunesse… et l’avenir des quartiers de Nice nord.
Depuis l’affaire Ilan, je dois dire que j’ai un peu mal à la République. Ces quelques heures avec les "hussards noirs" de Vernier me démontrent une fois de plus que c’est dans l’action et par l’éducation que l’on combat la désespérance sociale…
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
3 commentaires:
Il est rassurant de voir qu'il existe encore des parents d'élèves qui privilegient l'interêt général des élèves plutot que celui de leurs enfants. Ca n'est helas pas le cas de tout les collèges.
"La terreur des gens pressés" frappe partout, surtout les gens qui se laissent dominer par le temps qui passe.
Un délégué de parents d'élèves.
Ayant déménagé plusieurs fois, je me suis rendue compte de la différence d'investissements des conseils généraux dans les collèges. Par exemple dans les Bouches-du-Rhône, à chaque rentrée scolaire, on offre aux élèves quelque chose qui leur sera utile pour leur scolarité: cela commence dès le CM2 avec un dictionnaire encyclopédique, puis une calculatrice collège en 6e, un atlas en 5e et pour les élèves de 4e et 3e: un ordinateur portable leur est prêté durant toute l'année avec un petit forfait internet.
Tout cela allège les dépenses des parents, et je me demande pourquoi le conseil général des Alpes Maritimes n'en fait pas autant. Est-ce parce que les priorités dans l'utilisation du budget sont différentes ? En tout cas ces initiatives du conseil général des Bouches-du-Rhône sont à saluer, car elles permettent de fournir un matériel de qualité à tous les collégiens, un matriel qu'une partie d'entre eux n'auraient pas pu s'offrir.
Tombe par hasard sur ce blog. Actuellement a Shanghai, j'ai ete a l'ecole communale Vernier, dans la classe de Monsieur Plent, en... 1953...
Nous avions une classe qui aurait du etre classee monument historique. Je pense qu'elle a du etre badigonnee a la chaux, depuis. L'epouse de Monsieur Plent avait ete le modele de Matisse.
Le moteur social d'integration etait alors la "Paroisse" St Etienne avec l'abbe Bosio, futur pretres defrocque, ayant choisi comme toujours l'amour.
Il y avait aussi l'entreprise Mauser qui reparait les stores.
....... Amusant de voir sortir les souvenirs selectionnes
Enregistrer un commentaire