25 avril 2007

Cithare à l’Alphabet





Nice-Matin
Mercredi 25 avril 2007






Vendredi et samedi ont été jouées, au Théâtre de l’Alphabet, les deux premières représentations de ma nouvelle pièce, « Sur un air de cithare ».

A chaque fois, la salle remplie (voire franchement surbookée, comme le premier soir lors duquel j’ai suivi le spectacle debout sur la pointe des pieds…) a bien, même très bien, accueilli ma tentative un peu risquée de synthèse théâtre-cinéma.

La mise en scène d’Henri Legendre, imaginative et décalée, a beaucoup plu même si elle a parfois bousculé… l’auteur.

Les acteurs : l’incontournable Bernard Gaignier, Elodie Artéro, Mikaël Benzaken, Sylvain Bérardi, Lucile Gaignier, Didier Veschi, tous très impliqués sont excellents.

A titre personnel, j’admire beaucoup la prestation modeste mais essentielle de mon nain de jardin qui a quitté quelques jours la routine du balcon familial pour les sunlights et la gloire dans les bras d’une délicieuse… Amélie Poulain.

A l’issue de ces deux soirées je serais tenté de dire à la façon de mes étudiants : « que du bonheur », si une image triste, très triste, n’était pas venue assombrir le tableau. En effet, samedi soir, deux fauteuils sont restés vides, ils avaient été réservés par Françoise et Jean-Francois…

Trois représentations étant programmées pour cette fin de semaine, je propose donc aux lecteurs de ce blog de se faire une idée en publiant le monologue initial qui résume assez bien l’esprit dans lequel j’ai travaillé :

« De Stettin dans la Baltique jusqu’à Trieste dans l’Adriatique, un rideau de fer est descendu sur l’Europe ».

Fascination.

Fascination totale pour ce vieux continent émergeant à peine de la nuit et du brouillard, d’Oradour, de Katyn et de la Shoah, et qu’on déchire, sans même lui laisser le temps d’entamer sa convalescence.

C’est ainsi que, pendant un demi-siècle, le destin du continent se disloque ; à l’ouest, le capitalisme transforme l’Européen en consommateur prospère et sans mémoire ; à l’est, le communisme crée un homme nouveau, sacrifié sur l’hôtel des lendemains qui chantent.

Monde singulier dans lequel Alice ne sait plus où est l’endroit où est l’envers d’un miroir que, de toute façon, elle ne peut plus traverser.

Et puis brusquement, après cinquante années, par la magie d’une nuit berlinoise, le miroir se brise et l’histoire européenne va se réconcilier avec sa géographie. Alice, qui déjà au loin voit l’horizon s’enflammer du côté des Balkans, se demande, un peu désemparée : « Pourquoi faire ? »

Cette aventure européenne, c’est aussi le destin de quelques femmes et de quelques hommes qui n’ont existé que par la magie du cinéma, cette somme de petits mensonges qui permet d’accéder à une forme supérieure de vérité.

En effet, ce sont bien souvent ces visages de femmes et d’hommes, heureux-malheureux, triomphants-humiliés, bourreaux-victimes, qui s’imposent à nous lorsque nous pensons au bruit et à le fureur des années passées ou que nous interrogeons le silence obsédant d’un futur incertain.

Petites histoires, Grande Histoire,
Initiation en boucle qui, de Vienne à Sarajevo, fait de l’Europe de l’après-guerre une singulière allégorie de la condition humaine.

6 commentaires:

Sijavéssu a dit…

tous ceux qui ont posté quand ça parlait des 30 glorieuses (je crois) ici, tous ceux qui postent dès que ça parle ciné, culture, voyage, etc... oui vous !! bah c'est le moment de bouger et d'aller voir du nouveau, de l'alternatif... comment y dit déjà le monsieur... hmm... ah oui du brutal !! et je dirai même que c'est du brutal !! nan en fait c'est plus encore ça DECHIRE !!
pis vous revenez ici et on lui fait sa fête à l'auteur... okayyy?
Sinon c'est même plus la peine de poster... Rhooo j'déconne tsss...
JéChu2MonSièjMéJépaMal

Anonyme a dit…

Qu'elle est lourde à porter l'absence de l'ami,
L'ami qui tous les soirs venait à cette table
Et qui ne viendra plus, la mort est misérable,
Qui poignarde le cœur et qui te déconstruit.
Il avait dit un jour : "Lorsque je partirai
Pour les lointains pays au-delà de la terre,
Vous ne pleurerez pas, vous lèverez vos verres
Et vous boirez pour moi à mon éternité."
Dans le creux de mes nuits, pourtant, je voudrais bien
Boire à son souvenir pour lui rester fidèle,
Mais j'ai trop de chagrin et sa voix qui m'appelle
Se plante comme un clou dans le creux de ma main.
Alors je reste là au bord de mon passé,
Silencieux et vaincu, pendant que sa voix passe
Et j'écoute la vie s'installer à sa place,
Sa place qui pourtant demeure abandonnée.
La vie de chaque jour aux minuscules joies
Veut remplir à tout prix le vide de l'absence
Mais elle ne pourra pas, avec ses manigances,
Me prendre mon ami pour la seconde fois.
Qu'elle est lourde à porter l'absence de l'ami.

louis amade

Anonyme a dit…

oui la tristesse était palpable mais vite mise de côté le temps d'une pièce.merci à l'auteur et aux acteurs ce fût un moment très agréable

Sijavéssu a dit…

Dis Mr Mottard, il y a juste une chose qui me perturbe dans ta pièce... ça concerne le nain de jardin... je vais te dénoncer !!!! look là >>>> http://www.flnjfrance.com/canal-flnj/849_ligue-revolutionnaire-des-liberateurs-de-nains-de-jardin-du-41.html

JVeu1NainLéFrustréMéchan

Anonyme a dit…

Bien belle pièce que celle que j'ai vue ce soir. Votre beau texte donne en plus envie de réfléchir et aussi d'en débattre. merci pour ce bon moment.

Anonyme a dit…

Dans la même semaine nous avons assisté aux obsèques de Jean-François ( et donc écouté, lu et relu, le magnifique texte que tu as écrit pour lui) et vu ta pièce " Pour un air de cithare ". Il est normal que nous nous posions la question du rapport entre la Littérature et le Politique et l'importance de l'une et de l'autre dans l'évolution des idées et donc de la société. La littérature ( l'écriture ) a été un élément essentiel de notre évolution et de notre prise de conscience ( en particulier pour tirer "les leçons du passé" . Nous citerons , pour exemple, Milan KUNDERA avec son livre " La plaisanterie " et la magnifique préface d'ARAGON et toute l'oeuvre de Vaclav HAVEL ( Théâtre et textes). Cette semaine, Patrick, tu nous as fait penser à eux.