04 décembre 2006
Mission au Haut-Karabagh
Invité par le Président Arkady Ghoukasyan que j’ai eu l’honneur de rencontrer deux fois à Nice en tête-à-tête, je ferai partie le week-end prochain de la délégation de juristes étrangers chargée d’expertiser le référendum constituant proposé aux habitants du Haut-Karabagh.
Le Haut-Karabagh est une enclave de nationalité arménienne en territoire azerbaïdjanais. Il est le fruit des recompositions des états russes au cours du XXe siècle et du machiavélisme de Lénine et Staline qui avaient compris que pour régner, il fallait diviser.
Il y a quinze ans, après la dislocation de l’URSS, l’Azerbadïdjan nouvellement indépendant a remis en cause l’autonomie de sa région du Haut-Karabagh peuplée aux trois-quarts d’Arméniens. S’en est suivie une guerre avec la République d’Arménie – elle aussi indépendante depuis peu – soucieuse de la sécurité de ses compatriotes. Cette guerre (1991-1994) , finalement gagnée par l’Arménie, a permis au Haut-Karabagh de proclamer une indépendance qui ne sera pas reconnue internationalement.
Les Azéris du territoire ont donc grossi les camps de réfugiés de l’autre côté de la frontière. Je me souviens avoir vu en 1995 à Bakou ces réfugiés installés, dans des conditions précaires, dans les jardins publics de la ville.
Cette situation rappelle d’ailleurs étrangement celle du Kosovo dans les Balkans où la minorité d’une région autonome soutenue par le pouvoir central provoque une guerre civile qui tourne à son désavantage. Ainsi, la minorité (les Serbes du Kosovo, les Azéris du Haut-Karabagh) devient la victime du conflit dont elle a pris l’initiative.
Depuis 1994, la situation est figée, le Haut-Karabagh survit grâce à l’aide de l’Arménie. Une solution est recherchée dans le cadre du groupe dit de Minsk coprésidé par la France, la Russie et les Etats-Unis. Mais le conflit reste toujours dans l’impasse.
Il va de soi qu’en ce qui me concerne cette mission a un caractère purement technique (acter le bon déroulement du scrutin) et n’implique pas l’approbation d’une solution définitive par rapport à une autre. En effet, même si, depuis longtemps, je suis sympathisant de la cause arménienne (Nous sommes tous des Arméniens de Van, 24 avril), je ne crois pas en une solution unilatérale qui humilierait cet Azerbaïdjan qui compte aussi chez nous de nombreux amis (je le sais ayant été membre de la première délégation universitaire qui a jumelé l’Université de Nice–Sophia Antipolis et l’Université de Bakou).
En tout cas, ce voyage sera pour moi l’occasion de clarifier mes idées sur cette question si épineuse du Caucase Sud souvent occultée en France par le Caucase Nord et la guerre de Tchétchénie, même si, à long terme, chacun a compris que des peuples aussi culturellement proches (malgré les religions) que ceux de Géorgie, d’Arménie et d’Azerbaïdjan ont un destin commun. Un destin commun qui devrait en faire, à l’instar d’une Turquie européenne, une passerelle entre ces deux civilisations dont on nous prédit régulièrement l’affrontement pour le siècle à venir.
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1 commentaire:
J'aurais tellement aimé savoir traduire à partir de l'arménien...
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