A la demande (presque) générale, poursuivons notre exploration du petit monde de Michel Audiard à travers quelques films vus, quinzaine après quinzaine, grâce à la collection actuellement diffusée dans les points de presse.
Passons sur Un drôle de caïd, un nanar signé Jacques Poitrenaud (1964) et dialogué assez paresseusement par Audiard (A tous les trois, on peut faire un beau tandem), pour pointer cinq films tous très intéressants à un titre ou un autre et avant tout pour les dialogues de note auteur favori.
ARCHIMÈDE LE CLOCHARD (Gilles Grangier, 1959).
Le portrait truculent d’un clochard à une époque où ceux-ci étaient supposés mener une vie choisie. Archimède n’est pas exclus de la société, il se contente d’évoluer à sa périphérie. Il utilise la prison comme une résidence secondaire et les cités en construction du gaullisme immobilier (décidément très présent dans les films des années soixante) comme dortoir. Vaguement anar, il a sa dignité et son code d’honneur : un vrai personnage audiardesque.
- Vous avez la gueule de travers et la mentalité biscornue. Vous êtes synchrone.
Ou encore :
- N’oublie pas ce qu’a dit le médecin : cinq gouttes. La posologie ça s’appelle. Et de la posologie au veuvage, c’est une question de gouttes.
Et, sacrilège :
- Je préfère Cannes à Nice, car il y a moins d’Anglais...
RUE DES PRAIRIES (Denys de la Patellière, 1959).
Une jolie petite comédie dramatique, avec un Gabin qui retrouve la vulnérabilité de ses débuts, dans le rôle d’un ouvrier veuf trouvant auprès de son fils adultérin l’amour que lui refusent par cupidité et par lâcheté ses enfants légitimes.
- Si tu me ramènes un gosse de ce type-là, je te préviens, je l’empaille et je le mets sous globe. Je veux que les Martiens voient ça.
LE BARON DE L'ÉCLUSE (Jean Delannoy, 1960).
Jérôme-Antoine, baron désargenté, ne peut pas s’empêcher de mener un train de vie luxueux et, malgré son âge mûr, il ne renonce pas non plus à la séduction. Sur un thème proche du gentleman d’Epsom, Le baron de l’ecluse est un film touchant, parfois même un peu crépusculaire, sur le thème du déclin. Ce sera d’ailleurs le dernier film de Gabin séducteur.
- Je parlais du retour Toni… Le retour… Avec toi, on prend toujours des allers simples et des retours compliqués .
- Oh, je t’en prie ! Je t’ai déjà vu emprunter.
- Oui, mais jamais des petites sommes et surtout jamais à des petites gens. Quand on prête à Jérôme-Antoine , on passe un ordre à son banquier, on casse pas sa tirelire. Détrousser les petits épargnants est le fait d’adolescents crapuleux ou de ministres chevronnés ce que je n’ai jamais été, ni ne serais.
L’AFFAIRE ST FIACRE (Jean Delannoy, 1959).
Un Maigret tout à fait honorable : l’univers du célèbre commissaire est bien rendu par Delannoy et, contre toute attente, les dialogues d’Audiard ne jurent pas trop avec l’atmosphère feutrée de Simenon.
- Vous avez dit de saintes paroles en tapant du pied. On peut avoir l’esprit chrétien et le mollet nerveux.
LA MÉTAMORPHOSE DES CLOPORTES (Pierre Granier-Deferre, 1965).
Une série noire bien quelconque qui vaut surtout par son hallucinant double générique (début du film : des cloportes insectes envahissent l’écran, fin du film : même plan mais les insectes sont devenus… des hommes).
- C’est autrement plus coton d’écouler de la marchandise que de la faucher. Il faut des connaissances, des relations. Voler… c’est juste un réflexe…
- En parlant de réflexe, tu veux mon poing dans la gueule ?
Et aussi :
- Sur le plan de l’arnaque, les coups les plus tordus ne sont rien, vous entendez, rien – à côté de la peinture abstraite.
Et pour terminer ce post, comme d’habitude, le tonton flingueur du jour :
« J’dis pas que Louis était toujours très social – non – il avait l’esprit de droite. Quand tu parlais augmentation ou vacances, il sortait son flingue avant que t’aies fini, mais il nous a tout de même apporté à tous la sécurité. »
Question : mais pour qui Louis va-t-il voter à la Présidentielle ?
C’est du brutal !
C’est du brutal : le retour !
C’est du brutal : one more
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1 commentaire:
Dans la série "c'est du brutal", que pensez vous des actions de notre camarade (en est il encore un ?)JFK et de son "auto désignation" comme meilleur suppléant ? Quid de la démocratie ?
AG.
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