Pour chaque individu, il y a toujours un moment de grâce où l’humanité prend le dessus sur l’animalité. En tout cas, à l’instar des frères Dardenne, il faut le croire. Lorna, la nouvelle héroïne des réalisateurs belges – déjà deux fois palmés d’or – est une jeune albanaise prête à tout pour réaliser son rêve en carton-pâte : être propriétaire d’un petit snack en Belgique avec son amoureux compatriote.
Pour cela, elle a consenti à un premier mariage blanc lui donnant la nationalité belge et elle en envisage un second pour donner cette même nationalité à un Russe. Mais surtout, sa détermination est telle qu’elle est prête à tuer… Et puis, en croisant le regard de sa pauvre victime (le premier mari dont la mort est programmée), la machination dont elle est la pièce maîtresse lui fait brusquement horreur et tout bascule. Pour sauver l’homme qui devait disparaître pour assurer son avenir, elle va s’opposer, avec une bonne dose d’inconscience, au milieu albanais, à la mafia russe, et même à ce fiancé qui avait justifié ce projet insensé. On se souviendra longtemps du visage d’ange-démon de Lorna (Arta Dobroshi), la putain devenue sainte. Au-delà de la rédemption de l’héroïne, le film est également une remarquable métaphore sur les rapports ambigus de l’Europe de l’Est avec l’Europe de l’Ouest. Il n’est donc pas seulement émouvant, il est aussi, avec ses différents niveaux de lecture, d’une grande richesse.
Alors, jamais deux sans trois pour les frères Dardenne ?
La juxtaposition des nombreuses copies de fin d'année à corriger avec le début des oraux contribue à réduire notre rythme de festivaliers. Mais avec Le silence de Lorna, ce sont quand même trois autres films que nous avons pu voir entre dimanche et lundi
Gomorra, de Matteo Garrone (Italie)
Un quasi-documentaire de deux heures quinze sur la gangrène de la société opérée par la Camorra et les surprenantes fiançailles entre ce système archaïque et la si sophistiquée économie de marché mondialisée.
Chez Garrone, on est loin des ambiguïtés aimables de Tony Soprano. Tout est laid, gluant et mortifère. La réalisation, à la fois classique et austère peut toutefois laisser le spectateur sur le bord du chemin s’il n’est pas particulièrement concerné par le sujet.
Serbis, de Brillante Mendoza (Philippines)
Encore une histoire de famille. Les Pineda s’engueulent, se jalousent, s’aiment comme une famille à peu près normale. Si ce n’est qu’ils gèrent une espèce de théâtre/cinéma/peep-show pour gays. De la confrontation des deux univers naît un film plutôt insolite qui, lui aussi, aurait peut-être plus eu sa place dans une sélection parallèle.
Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, de Steven Spielberg (USA)
Tatatata–tatatan chante le public dès le générique. Après Indiana Jones et son père dans l’opus 3, Indiana et son fils dans l’opus 4. A l’évidence, pas le meilleur, mais bon… tatatata-tatatan…
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7 commentaires:
Autrement...!
quelle élégance ce Herrrisson ...
Pénélope
Si seulement tu avait eu le fouet et le revolver pour les municipales.
ANTONIN
Chaque année, au mois de mai, je me fait mon festival du cinéma à moi.
Je suis moins adepte que toi des salles obscures, même si je regrette de ne pas pouvoir les fréquenter plus assidument.
Mais j'ai une formidable combine pour suivre MON festival de Cannes.
Sans déplacement, sans files d'attentes, et dans les meilleures conditions de confort.
De cette façon, je peu suivre au jour le jour toute l'actualité cinématographique, et je suis en mesure de faire un résumé précis ainsi qu'une critique éclairée de chaque film présenté.
Tout ça sans assister aux séances me dira-tu d'un air étonné?
Eh bien oui.
Mais comment fait tu? Quel est ton secret? Ou puise tu tes sources? Me demanderas-tu?
Eh bien, te répondrais-je, tape "blog Patrick Mottard" sur ton clavier d'ordinateur, et la magie du cinéma chaque année t'envoûteras. L'amour du cinéma que tu avait déjà, peu à peu t'aliénera tant il est vrai que la folie du 7èm. art est une douce maîtresse dans les bras de laquelle on se laisse volontiers aller.
ANTONIN
La dernière photo me fait imaginer à une ligne de dialogue:
– Are you REALLY a Law Teacher?
– Part time
Laurent, tu as déjà vu le film ?
Grand, très grand, "Le silence de Lorna", avec ses plusieurs niveaux de lecture. Heureusement, parce que "Gomorra" et Serbis", bof... Quant à "Indiana", c'est Indiana, quoi... et là, c'est un peu court.
J'ai vu la bande annonce
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