14 octobre 2006

Stade terminal

M6, Les six minutes

Après une première partie de Conseil ronronnante marquée par la présence très offensive d’un Jean-François Knecht rasséréné par les nombreux témoignages de solidarité et d’encouragement reçus au cours de ces dernières quarante-huit heures, il faut attendre le début de l’après-midi pour que l’explication générale sur le dossier du grand stade ait enfin lieu. Il était temps : les nombreux journalistes (dont une équipe de Canal +) commençaient à s’impatienter.

Profitant d’un dossier technique sur le Ray, j’interpelle le maire sur les deux aspects de l’affaire : l’administratif et le pénal. Je lui fais notamment remarquer que la ligne de défense qu’il a adoptée depuis plusieurs jours dans la presse est surprenante. Au lieu de chercher avec la justice si l’opération est effectivement entachée d’un délit de favoritisme, il préfère dénoncer un vaste complot regroupant le Préfet, l’Etat, la Justice, la Direction de la Concurrence… et Nice plurielle. Je lui rappelle que nous avons très vite pris nos distances avec ce dossier à la procédure pittoresque et au montage financier dangereux pour les finances de la ville.

Pour conclure ce propos liminaire – que je croyais liminaire – j’avance au moins deux certitudes : la première est la réaffirmation que Nice a bien besoin d’un grand stade, la deuxième est que ce grand stade ne sera pas fait par Peyrat et l’équipe actuelle.

Après un long monologue laudateur de l’opposant officiel de sa majorité, l’ineffable De Gubernatis, le sénateur-maire nous inflige une véritable plaidoirie, décalée sur la forme (effets oratoires d’un autre temps) et décousue sur le fond. Mais si le propos n’est pas toujours très clair, on comprend au moins une chose : les responsables de la situation ne sont pas les juristes new age qui ont concocté le contrat, ce ne sont pas non plus le éventuels et probables corrompus… Les responsables s’appellent Patrick Mottard et Jean-François Knecht. Quant au Préfet, aux juges, au Procureur, aux fonctionnaires de la Concurrence, il s’agit ni plus ni moins que d’une bande de malveillants comme aurait dit Michel Audiard !

Ultime provocation, le maire refuse de donner la parole à Bob Injey. Bon débatteur formé dans les assemblées étudiantes, notre camarade ne se laisse pas faire et c’est dans la confusion générale que nous quittons la salle en signe de protestation. Et nous laissons la majorité décider de l’importante question de la composition de la commission qui aura l’écrasante responsabilité de réfléchir aux festivités qui doivent accompagner la célébration du bicentenaire de la naissance de Napoléon III… !

Dans la salle des pas perdus, nous improvisons une conférence de presse pour nous interroger publiquement sur l’étrange stratégie du maire. Est-elle un rideau de fumée dérisoire pour cacher ou retoucher la vérité ? Est-elle la marque d’un véritable désarroi ?

L’avenir nous le dira. En attendant, une seul certitude : après le Port et la Mairie, Jacques Peyrat ne construira pas le stade.

Pour les autres conseils municipaux, voir :
Acropolis, adieu
Le Conseil vu de l’intérieur
Tout va très bien, Madame la Marquise
Du rififi à la mairie
Hare Krishna

RETRANSMISSION DU CONSEIL MUNICIPAL SUR NICE-TÉLÉVISION
Samedi 14 octobre de 10 h à 14 h
Dimanche 15 octobre de 13 h à 17 h
(et dans la nuit de samedi à dimanche à 2 h 30)

3 commentaires:

le nicois civique a dit…

Bonsoir,

Vu une partie du Conseil Municipal ...

Il faut dégager ce maire !

Odieux, obséquieux, arrogant, donneur de leçons !

Bravo à nos représentants socialistes, à la gauche...

Que nous sachions rester unis,pour que nous dégagions ce maire, cette droite !

http://nicoiscivique.blogspot.com/

Anonyme a dit…

«Après un long monologue laudateur de l’opposant officiel de sa majorité»

Opposant Officiel de la Majorité. J'adore cet expression, elle mériterai de rentrer en bonne place dans le dictionnaire des expressions désabusées sur les réalités de la politique.
Gubernatis, le courtiposant du maire, la tête de liste d'un parti qui revendique son opposition systématique à tout et à tout le monde et que je n'ai jamais vu une seule fois contredire le maire. Gubernatis et ses discours de trois phrases qui tiennent en 14 minutes (oui, j'ai compté les phrases ET j'ai chronomettré) et qui trouve que ce qui manque à Nice, c'est une grande horloge façon big ben (mais après tout pourquoi pas: après le grand port, le grand stade, la grande mairie et le grand chantier du tramway, un grand truc de plus ou de moins...)

Mais est-ce bizarre que le patron du FN local rende grâce à Peyrat, quand celui-ci ne prend même plus les mêmes pincettes qu'avec l'affaire Viallate: ce n'est plus une histoire de Judas, c'est un complot: la vieille lune conspirationniste si chère aux extrémistes (si on perd les élections, c'est un complot, si on est impopulaires, c'est un complot, si on est mauvais une fois au pouvoir, c'est un complot, si on tombe dans des affaires de corruptions, c'est un complot, si l'histoire nous juge mal, c'est un complot, si la tartine de confiture tombe du mauvais côté et que le chien perd ses poils, c'est AUSSI un complot) est revenue comme la dernière explication disponible.
(Et d'ailleurs, s'il y a deux pages sur Nice dans le Marianne de cette semaine, c'est sûrement aussi un odieux complot, le patron de Marianne volant vraissemblablement au secours de son frère d'initiales)

En fin de compte, la chose la plus sidérante dans cette affaire a été bien résumée par quelqu'un que je connais:
"Comment, après la première affaire de marché truquée du Stade qui avait déjà attiré l'attention de tou le monde, la mairie pouraait être assez BÊTE pour recommencer alors qu'elle se sait forcément sous surveillance"
Comment, on se le demande....

Anonyme a dit…

Bonne question Laurent...