03 mars 2006
S. L R. ... S. O. S.
Profitant de la ferme aux célébrités de la grippe aviaire, le gouvernement est en train de faire passer en catimini son projet sur la Recherche. Un projet unanimement rejeté par la communauté scientifique particulièrement mobilisée depuis deux ans autour du collectif SLR (Sauvons la recherche) et de leurs organisations syndicales (CGT, FSU...).
Malgré la pugnacité d’une poignée de députés de gauche (qui ont réussi quand même à arracher quelques concessions), la messe est dite, le projet adopté.
C’est dire que la gauche héritera d’une situation assez catastrophique en la matière si elle gagne en 2007. Et comme pour les retraites, la sécurité sociale ou les banlieues, il faudra mettre en place un plan ORSEC pour sauver la Recherche, c’est-à-dire l’avenir.
- En premier lieu, il faudra, bien sûr, arrêter de faire semblant de confondre science et techno science, recherche et développement économique. Les pôles de compétitivité, sorte de « sirop typhon » (universelle panacée…) de la politique industrielle, sont peut-être une bonne chose en termes de politique industrielle et d’emploi, mais ils ne font pas partie à proprement parler d’une politique de recherche (ils mangent pourtant 40% du budget de l’ANR version Villepin). J’ai récemment évoqué cette question à la tribune du Conseil général devant un ministre qui est resté droit dans ses bottes et ses certitudes de bon petit soldat sarkoziste.
- Ensuite, il faudra rééquilibrer en urgence le budget en faveur des organismes de recherche (CNRS, INSERM…) et des universités, actuellement supplantés par les nouvelles agences (ANR et Agence d’innovation industrielle).
- Toujours dans l’urgence, car en quelques mois, une génération risque d’être sacrifiée, il faudra revenir à un plan pluriannuel pour l’emploi tel qu’il existait sous le gouvernement Jospin et limiter au maximum la précarisation de l’emploi scientifique (ce n’est pas un hasard si SLR participe – c’est notamment le cas à Nice – aux manifs anti-CPE).
- Il faudra aussi redonner un rôle primordial aux universités, encore affaiblies par le projet de loi, et faciliter leurs interactions avec les organismes de recherche (même si j’enseigne une science… très molle, le prof de fac se sent évidemment concerné !)
- Plus globalement, il faudra refaire confiance aux chercheurs en leur donnant un rôle très important dans le pilotage de la politique de recherche.
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2 commentaires:
Non seulement les pôles de compétitivité "mangent" 40 % du budget de l'ANR comme vous dites mais en plus ils sont prioritaires en termes d'emploi scientifiques! (sur postes précaires essentiellement, cela va sans dire). C'est Villepin qui l'a décidé.
Comme les entreprises privées préfèrent investir leur capitaux dans le rachat de leur actions, l'état dans sa grande générosité va faire bénéficier, à ces grandes entreprises, de largesses incommensurables. Résultat : transfert des fonds publics destinés à la recherche publiques à des entreprises (sous la forme de contrats de recherche) qui semble t il n'ont pas suffisemment d'argent pour la recherche et le développement.
Je vous parie que l'on va voir bientôt la CCI se doter d'un service de recherche. En conséquence de cause, la CCI va devenir ces prochaines années un nouveau partenaire de la recherche. Il va falloir bientôt négocier des contrats avec des commerciaux et autres consultants qui dans le meilleur des cas auront peut être fait une thèse dans une école de commerce privée, c'est à dire au mieux un master of "buiiiseness" ou "markeeeting". En bref, nous allons avoir une recherche pensée et financée par des individus qui auront fait cette magnifique et grande école de commerce qu'est le CERAM par exemple. Comment laisser l'avenir du pays à des incompétents, vous l'avez rêvé, le gouvernement l'a fait. Cette ANR c'est vraiment la dernière débilité du gouvernement. Comment transformer la recherche, une chose profonde en quelque chose de creux. Les mots me manquent pour exprimer tout le mepris et la colère qui m'envahissent. On vit réellement un moyen age moderne !
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